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Dans le cadre d’un colloque portant sur la réforme des professions de santé le 14 novembre, Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national infirmier, s’est attaché à faire un point sur les défis à relever dans les années à venir.
En France, « il existe seize professions réglementées, toutes organisées en ordres, et qui ont la volonté de ne parler que d’une seule voix, pour les points qui nous concernent tous, dans le cadre du Comité de liaison des institutions ordinales (Clio), a expliqué Marie-Aymée Peyron, présidente du Clio et bâtonnière du barreau des avocats de Paris. L’appartenance à un ordre est obligatoire pour ces professions mais souvent, cette obligation est mal perçue par les professionnels, qui ne comprennent pas ce qui est fait de leurs cotisations, mais aussi par nos clients, qui ne saisissent pas toujours la raison de l’existence des ordres. Pourtant, elle est fondamentale dans un état de droit et de démocratie. »
Les problèmes de reconnaissance, l’Ordre national des infirmiers les connaît bien. Créé par le législateur en 2006, l’ONI – le plus jeune des ordres – « a beaucoup œuvré pour sa survie et le Clio y a participé », a rappelé Patrick Chamboredon, son président. Mais sa légitimité a été remise en cause en 2014 par la ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine. Une déclaration « gênante » pour une structure dotée d’une délégation de service public. « Notre première conquête a donc été celle des pouvoirs publics et du législateur, a fait savoir Patrick Chamboredon. Aujourd’hui, c’est derrière nous et nous travaillons désormais sur notre reconnaissance par la profession. »
Trois textes législatifs sur les infirmiers sont parus récemment, dont certains ont élargi les compétences des infirmiers, notamment dans le domaine de la vaccination. Les textes ont également acté l’inscription automatique à l’ONI. « Nous devons mener une conquête auprès des employeurs pour qu’ils transmettent les listes des infirmiers salariés », a rapporté Patrick Chamboredon, qui entend également agir sur l’attractivité de l’ONI afin qu’il trouve sa place dans les territoires.
Quel regard sur les professions libérales ?Les résultats du 13e baromètre santé 360 consacré aux professions libérales de santé, présentés lors de cette Sciences po chaire santé, révèlent que 91 % des Français ont une très bonne image de ces professions, la moyenne européenne étant à 89 %. Les infirmiers se situent au-dessus de la moyenne, à 95 %. D’ailleurs, 75 % des Français conseilleraient à leur enfant d’exercer le métier de médecin mais uniquement 59 %, celui d’infirmier (ils étaient 69 % en 2015). Les professionnels de santé, pour leur part, sont plus réticents à conseiller l’exercice de leur propre métier à leurs enfants : 75 % des IDE ne recommanderaient pas à leur enfant d’exercer cette profession. De plus, 81 % des infirmiers et 94 % des médecins considèrent que l’image de leur profession s’est détériorée ces dix dernières années. « A l’ONI, nous avons mesuré la désaffection de la profession pour le métier, et les préoccupations exprimées par les infirmiers concernent les conditions de travail, le niveau de rémunération et la considération, des champs sur lesquels l’Ordre ne peut pas intervenir », a précisé Patrick Chamboredon. (1) Échantillons de 996 Français, 3003 Européens et 697 professionnels de santé représentatifs, interrogés entre septembre et octobre 2018. Parmi les professionnels, 38 médecins (73 généralistes, 58 spécialistes et 7 internes), 141 infirmiers et aides-soignants, 116 sages-femmes, 184 masseurs-kinésithérapeutes, 52 pharmaciens et 66 dentistes. |
Laure Martin