10/12/2018

Santé des soignants : il y a urgence !

Qu'il s'agisse de risques psychosociaux, de comportements à risque ou troubles du sommeil, la santé des infirmières et des aides-soignantes est particulièrement exposée. C'est ce que confirme le baromètre « Carnet de santé » dévoilé par Odexa aujourd'hui.

Odexa dévoile aujourd’hui le baromètre « Carnet de santé », qu’il a établi pour la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) auprès de 1005 Français les 15 et 16 novembre, enquête qui complète celle réalisée auprès de 6 078 professionnels de santé, dont 789 IDE, 308 aides-soignantes, interrogés entre le 27 septembre et le 30 octobre via Internet. Le professeur Didier Truchot, professeur de psychologie sociale de l’université de Bourgogne-Franche-Comté, propose une analyse fine des éléments alarmants du sondage, dans son rapport.

Si 21 % des Français ont rencontré des problèmes de santé cet automne, 38 % des professionnels hospitaliers ont été malades. En termes de prévention, 53 % des soignants ne se font jamais vacciner contre la grippe ; le chiffre monte à 59,1 % chez les IDE et à 64,4 % chez les AS. En ce qui concerne l'hygiène de vie et comportements à risques, si seulement 12 % des soignants fument quotidiennement, elles sont 19,8 % chez les IDE et 22,2 % chez les AS. Un taux qui se rapproche de celui de la population générale (28,7 % des 15-75 ans). En matière d'activité sportive, aides-soignantes et infirmières sont parmi les populations qui pratiquent le moins souvent une activité physique (44,1 % pour les AS et 54,7 % pour les IDE, versus 54,6 % en moyenne pour les participants à l'étude). Ce sont pourtant des recommandations qu'ils prodiguent au quotidien à leurs patients.

Les aides-soignantes particulièrement touchées

Près de 23 % des professionnels de santé déclarent des difficultés quotidiennes ou presque, à trouver le sommeil. Elles sont 28,8 % des IDE et 36,4 % des AS dans cette situation. Conséquence : infirmières et AS prennent, en moyenne, plus de somnifères que les autres soignants (7,3 % et 6,9 % contre 4,6 %). Une donnée probablement en lien avec le taux de 7,5 jours d’arrêt de travail déclarés par les soignants au cours des douze derniers mois (contre 14,2 jours chez les salariés français). Chez les IDE, le chiffre grimpe à 4,1 jours et à 24,2 chez les AS, ce qui en fait la population la plus concernée parmi l'ensemble des professionnels de santé interrogés.

Les facteurs de stress les plus prégnants résident dans le travail empêché, les comportements d’incivilité des patients, la charge de travail, puis le débordement du travail sur la vie privée et la confrontation à la souffrance du patient. Les trois premiers sont en tête de ceux le plus cité par les aides-soignantes et les infimières. De quoi rendre l’orientation du ministère des Solidarité et de la Santé dans sa stratégie nationale « Prendre soin de ceux qui soignent » au rang des priorités…

Sylvie Gervaise

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