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Le gouvernement a rendu public le 8 janvier son Plan national de mobilisation contre les addictions 2018-2022. Il propose en 200 mesures une « actualisation et une intensification » de sa politique en la matière, surtout auprès des plus jeunes. Mais les professionnels du secteur semblent déçus.
Le Réseau de prévention des addictions (Respadd), qui a travaillé sur le plan, regrette son « long accouchement ». « On nous a promis la sortie du plan pendant plus d’un an et il a été à chaque fois repoussé, dénonce Nicolas Bonnet, pharmacien de santé publique, directeur du Respadd. Il fait surtout preuve de bonnes intentions mais il y a peu de mesures concrètes. Pour les professionnels de l’addictologie, il n’est pas très aidant. » Nicolas Bonnet déplore également l’absence de financement dédié.
Pour lutter contre ces addictions, les dix-neuf priorités ne les ciblent pas en tant que telles mais s’intéressent aux types de publics concernés et à la prévention. Les mesures insistent sur davantage de communication pour mieux faire connaître les addictions et responsabiliser la société ; avec une plus grande information autour de la mère ; aider les parents dans leur rôle éducatif et l’école pour une prévention efficace.
Un axe est également consacré à l’engagement contre les trafics en renforçant les moyens dédiés pour les stratégies d’enquête et les capacités d’investigation, ou encore à la lutte contre l’attractivité des trafics, notamment en prévenant l’entrée et en aidant à la sortie des réseaux de l’économie de la rue.
« Le lobby de l’alcool est très fort, plus qu’on ne l’imaginait », commente Nicolas Bonnet. Certaines mesures initialement envisagées, même simples, comme une communication autour de la limitation de la consommation de l’alcool, ne sont pas sorties dans le plan. Certaines mesures nécessitent un engagement interministériel marqué, tels que l’effectivité de l’interdiction de la vente aux mineurs de l’alcool, du tabac et des jeux d’argent ou encore l’accompagnement de la vie festive en milieu rural et urbain. Elles feront l’objet d’un pilotage local par les préfets, dans le cadre de feuilles de route régionales.
Le Respadd adhère davantage à l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur les addictions au tabac et à l’alcool sorti le 9 janvier et organisé en trois axes : fonder les politiques sur la réalité des dommages, créer les conditions d’une rencontre précoce avec le soin et proposer une prise en charge adaptée à la diversité des besoins et des parcours de vie. « Cet avis du CESE est plus avant-gardiste, estime Nicolas Bonnet. Il propose des mesures concrètes de réduction des risques, avec des stratégies d’intervention brèves qui se rapprochent des réalités du terrain. » Parmi elles : accompagner l’action des professionnels de santé, notamment sur les addictions au tabac et à l’alcool, en renforçant les formations ; ou encore positionner la cigarette électronique parmi les dispositifs de sevrage tabagique et l’intégrer dans le discours de prévention. Une mesure soutenue par le Respadd, mais absente du plan national.
Laure Martin
Les six axes du plan gouvernemental 2018-2022Le plan 2018-2022 s’articule autour de six grands défis : |