© D. R.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a publié, jeudi 24 janvier, deux nouvelles études sur les soignants. Elles montrent que les infirmières s'insèrent mieux que le reste de la population bien que leur chômage augmente, tandis que les libérales sont de plus en plus accessibles (mais pas partout).
Près des trois quarts des nouvelles IDE trouvent un emploi en moins d’un mois, d’après une étude de la Drees publiée le jeudi 24 janvier et portant sur les diplômées de 2013. Cette proportion est en légère baisse par rapport à 2007 (85 %) mais reste bien supérieure aux professions de même niveau hors métiers de la santé (51 %). Et si le premier emploi est de plus en plus souvent temporaire (CDD, intérim), dans 73 % des cas, les infirmières se stabilisent vite : trois ans après leur diplôme, elles sont 78 % à avoir décroché un CDI.
Des chiffres excellents par rapport à la population générale mais qui cachent une progression du chômage chez les infirmières. Fin 2017, 4,2 % d’entre elles étaient inscrites au Pôle emploi (+ 126 % depuis 2010), dont 30 % depuis plus d’un an… « Si cela continue, dans cinq à dix ans, le taux de chômage des infirmières pourrait se rapprocher de celui de la population générale », s’inquiète Jean-Marc Aubert, directeur général de la Drees.
« Certes, mais avec le vieillissement de la population, les besoins en soins infirmiers vont s’accroître, prévoit Muriel Barlet, sous-directrice de la Drees. En attendant, le nombre de postes salariés augmente moins vite que le nombre d’infirmières, ce qui pousse les soignantes à exercer en libéral. » Résultat : il devient de plus en plus facile de trouver une infirmière libérale disponible près de chez soi. En effet, d’après une seconde étude de la Drees, l’accessibilité moyenne a progressé de 2,3 % entre 2016 et 2017 pour atteindre 144,7 équivalents temps plein (ETP) pour 100 000 habitants en moyenne.
Cela s’explique en premier lieu par la démographie de la profession. Entre 1999 et 2017, les effectifs de libérales ont crû de 7 % par an, c’est-à-dire plus que la population générale. Cela a permis de faire baisser sensiblement les inégalités territoriales : entre 2013 et 2017, l’écart s’est réduit de 17 % entre les 10 % d’habitants les mieux dotés et les 10 % les moins bien dotés.
Mais toutes les régions ne sont pas aussi bien loties, loin de là. Les infirmières libérales sont nettement plus nombreuses au sud, d’un axe allant de la Meuse à la Dordogne, avec une concentration maximale sur le pourtour méditerranéen, en Gironde, en Corse et dans les DROM. À l’inverse, il reste difficile d’en trouver dans les Pays de la Loire, le Centre-Val-de-Loire et, par-dessus tout, en Île-de-France, où les effectifs se situent autour de 60 ETP pour 100 000 habitants.
Hélène Colau