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Le Printemps de la psychiatrie mobilise à nouveau, jeudi 21 mars à Paris, pour des moyens, mais surtout, pour une humanité du soin.
Après un 22 janvier passé sous la neige, « nous avons voulu fêter le printemps », explique le psychiatre Mathieu Bellhasen. Il est l’un des initiateurs du Printemps de la psychiatrie, un mouvement qui organise ce 21 mars sa deuxième journée de mobilisation. Elle a débuté ce jeudi matin, boulevard de l’Hôpital à Paris, devant la statue de Philippe Pinel, médecin aliéniste qui a libéré les aliénés pendant la Révolution française et fondé la psychiatrie moderne. Le symbole est signifiant : « Nous défendons un autre imaginaire que celui de la psychiatrie sécuritaire », explique Mathieu Bellhasen.
Se joindront au mouvement des représentants des hôpitaux psychiatriques qui se sont mobilisés ces derniers mois : le Vinatier à Lyon, en grève depuis le début de l’année, mais aussi les « Blouses noires » de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, à Rouen ; « les Perchés » de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet du Havre et, bien sûr, les « Pinel en lutte », venus d’Amiens.
Mais ce Printemps est bien plus large : « Nous ne sommes pas un mouvement syndical, mais citoyen, qui regroupe une constellation d’organisations de professionnels, de patients, et de familles », précise le Dr Bellhasen. A ainsi rejoint le mouvement une Fédération des pratiques innovantes « Fedexc », qui associe de nombreux collectifs de soignants et de patients, le Collectif des 39, constitué pour lutter contre les pratiques sécuritaires, le Fil conducteur, qui réunit patients, familles et soignants, etc. Tous s’accordent sur un constat : « La psychiatrie et la pédopsychiatrie n’en peuvent plus ».
Dans son manifeste, le mouvement affirme vouloir « refonder et construire une discipline qui associe soin et respect des libertés individuelles et collectives ». Il s’élève contre une « tendance actuelle qui voudrait que la maladie mentale soit une maladie comme les autres ». Selon eux, la pschyatrie doit aller chercher ses « ressources non seulement des sciences cognitives, mais également des sciences humaines, de la philosophie et de la psychanalyse, pour contribuer à un renouveau des soins axés sur la reconnaissance de la primauté du soin relationnel ». Ils se démarquent ainsi de la fondation Fondamental, incarnée par la psychiatre Marion Leboyer, qui défend une approche de la discipline validée par les sciences dures, en association étroite avec les laboratoires pharmaceutiques.
Parti du XIIIe arrondissement à 10 h, le mouvement rejoint la place de la République où doit se tenir un forum entre 13 et 15 h, puis une assemblée générale à la Bourse du travail.
Caroline Coq-Chodorge
Psychiatrie : comment sortir du marasmeÀ lire dans « L'Infirmière Magazine », n° 405Réservé aux abonnés |