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L’avenant conventionnel durement négocié entre les Idel et l’Assurance maladie a été signé vendredi 29 mars par seulement deux des trois syndicats représentatifs. Une rupture du front syndical qui n’empêche pas l’application de l’accord, mais qui fait directement entrer la profession dans la préparation des élections professionnelles de 2021.
Depuis juillet 2017, les trois syndicats représentatifs des Idel avaient réussi à maintenir l’union sacrée, ponctuant les très longues négociations conventionnelles de communiqués syndicaux communs. Mais le 29 mars, au moment crucial de la signature d’un avenant sur lequel la profession travaillait depuis vingt mois, le front syndical s’est déchiré : ce n’est pas un mais deux communiqués qui ont annoncé la conclusion d’un accord.
Le premier émanait de la Fédération nationale des infirmiers (FNI) et du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), qui se félicitaient d’avoir « pris leurs responsabilités » en apposant leur paraphe sur le fameux document, lui permettant ainsi d’entrer en vigueur. Le second émanait de Convergence infirmière (CI), qui y expliquait son refus de signer un texte qui faisait des infirmières les « variables d’ajustement de l’Assurance maladie ».
Qu’il semble loin, ce 13 mars, où les trois syndicats annonçaient d’une voix soulagée et unitaire qu’ils s’étaient la veille entendus avec l’Assurance maladie sur les grandes lignes d’un « accord plus équilibré pour la profession et une enveloppe supplémentaire de 65 millions d’euros » ! Qu’a-t-il pu donc se passer en deux semaines pour justifier le spectaculaire retournement de CI ?
Certes, les dernières discussions ont été tendues, notamment en ce qui concerne les modalités d’application du fameux Bilan de soins infirmiers (BSI), qui remplacera la Démarche de soins infirmiers (DSI) dans la prise en charge des patients dépendants dès 2020. Mais fondamentalement, l’avenant signé vendredi ne diffère pas de ce qui avait été annoncé mi-mars, et dont Espace Infirmier avait rendu compte.
Il doit donc y avoir autre chose que de simples désaccords techniques derrière les discordances syndicales. C’est du moins ce que laisse penser la dureté des mots employés. Dans leur communiqué, le Sniil et la FNI dénoncent en effet la « fuite théâtrale » et le « populisme clientéliste » de CI, qui leur répond sur le même ton. « Nous n’avons pas été soutenus par les autres syndicats », accuse la centrale pour justifier son cavalier seul.
Pour comprendre ce qui se passe, il faut se rapporter au calendrier électoral. Les dernières élections pour les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) ont en effet eu lieu en 2016, et les prochaines devraient être organisées début 2021. Ce qui signifie que la campagne ne devrait pas tarder à démarrer. Dans les débats qui auront lieu, CI pourra se prévaloir de son intransigeance, tandis que le Sniil et la FNI pourront mettre en avant leur sagesse. Et ce sont les Idel qui trancheront !
Adrien Renaud