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Suivant l’exemple des urgences de Saint-Antoine, plusieurs services d’urgence de l’AP-HP appellent à la grève à partir de lundi. Ce sont les infirmières qui se mobilisent.
Tout a commencé aux urgences de l’hôpital Saint-Antoine, à Paris. Depuis le début de l’année, les infirmières ont subi cinq agressions. La dernière a été particulièrement mal vécue : « Une infirmière, seule dans un box avec un patient, a essuyé des insultes, puis reçu un coup de poing » raconte Olivier Youinou, infirmier anesthésiste et secrétaire général de Sud santé. La gestion administrative de cette agression, défaillante, a été particulièrement mal vécue : « L’infirmière a contacté l’administrateur de garde, qui n’a pas jugé bon de se déplacer. Elle a dû prendre un taxi pour porter plainte au commissariat. C’est un abandon, qui s’ajoute à l’agression. »
En solidarité, les infirmières et les assistantes sociales du service se sont mises en grève le 18 mars, et n’ont toujours pas baissé la garde. Elles réclament une sécurisation des locaux, la titularisation des CDD, le remplacement des arrêts maladie et des congés maternité, et une prime de 300 euros mensuels reconnaissant la spécificité du travail aux urgences. « On leur a fait des promesses sur la sécurisation des locaux. Elles ont obtenu du nouveau matériel : des tensiomètres, des thermomètres, des brancards qui roulent. Aujourd’hui, il faut faire la grève pour obtenir du matériel », s’indigne Olivier Youinou. En revanche, elles n’ont rien obtenu sur les effectifs et la rémunération. La grève s’étend donc, comme une trainée de poudre, à l’initiative des soignants, les syndicats se contentant de déposer des préavis de grève.
« Les infirmières et les aides-soignantes ont pris l’initiative d’organiser des réunions inter-services d’urgence, raconte le syndicaliste Sud. Ceux de Tenon, de Saint-Louis, de Lariboisière et de la Pitié-Salpêtrière appellent eux aussi à la grève. Bichat, l’Hôpital européen Georges-Pompidou, Robert-Debré, Necker et Cochin se mobilisent eux aussi. »
Est donc aussi mobilisé Lariboisière, touché par le décès d’une femme oubliée sur un brancard en décembre : « On a obtenu des postes d’infirmières et d’aides-soignantes, mais ce n’est même pas assez, raconte Yann Flecher, infirmier dans cet hôpital et élu CGT. Le service réclame plus d’encadrement, des assistants sociaux et des médiateurs pour contenir les violences. Les agents de sécurité ne suffisent pas. Les patients sont violents parce qu’ils ne comprennent pas pourquoi on les fait attendre des heures sur des brancards. Mais nous ne comprenons pas, nous non plus, pourquoi il n’y a plus de lits d’aval pour les hospitaliser. »
Pour Olivier Youinou, « les services d’urgence sont le miroir de l’hôpital d’aujourd’hui, de l’échec de la complémentarité entre la ville et l’hôpital, de la désertification médicale. Nos services, engorgés, sont des cours des miracles. » En l’absence de réponses satisfaisantes de la direction, leur grève débutera le lundi 15 avril.
Caroline Coq-Chodorge
Les urgences la jouent collectifÀ lire dans « L'Infirmière Magazine », n° 405Réservé aux abonnés |