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Kétoprofène et ibuprofène, les deux médicaments anti-inflammatoires les plus vendus pourraient favoriser des complications infectieuses graves, alerte l'Agence du médicament qui appelle à la «vigilance».
L'ibuprofène (Nurofen, Advil, Upfen Antarene, etc.) et le kétoprofène (Profenid, Toprec, Ketum) appartiennent à une famille de médicaments, les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui faisaient déjà l'objet de signalements pour des complications infectieuses graves. L’enquête, confiée par l'ANSM aux centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille montre « qu’en dix-huit ans, de 2000 à 2018, 337 cas de complications infectieuses, dont 32 décès, ont été répertoriés pour l'ibuprofène et 46 cas dont dix décès avec le kétoprofène », explique le Dr Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM.
Seuls les cas les plus graves survenus chez des enfants et des adultes (souvent jeunes) sans facteur de risque particulier, comme par exemple être immunodéprimé, ont été retenus dans cette enquête. Il s'agit d'infections sévères à l'origine d'hospitalisations, de séquelles et de décès. Elles touchent la peau et des tissus mous comme par exemple les « fasciites nécrosantes », source d'amputations et de mort. Il peut également s'agir de septicémie (« sepsis »), de pneumonies compliquées d'abcès, de pleurésie, d'abcès cérébraux ou encore d'infections ORL atteignant le thorax (médiastinite).
Ces complications infectieuses (essentiellement dues à deux bactéries, streptocoque ou pneumocoque) ont été observées après de très courtes durée de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsqu'il était associé à une antibiothérapie. Elles sont survenues alors que l'ibuprofène ou le kétoprofène étaient prescrits ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances : atteintes cutanées bénignes d'aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d’insecte...), manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire...) ou ORL (difficulté à avaler, angine, otite...). « Les conclusions de cette enquête suggèrent le rôle aggravant de ces AINS en cas d’infection », en particulier de celles dues au streptocoque, note l'ANSM. De manière générale, il faut privilégier le paracétamol en cas de douleur et/ou de fièvre, notamment lors d'infections courantes (angine, rhinopharyngite, otite, toux, infection pulmonaire, lésion cutanée ou varicelle...), en particulier en automédication. Ces anti-inflammatoires doivent être utilisés « à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte », c'est-à-dire « pas plus de 3 jours en cas de fièvre et de 5 jours en cas de douleur ».
S. H.