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Au délitement du statut de fonctionnaire et aux baisses d’effectifs voulus par le gouvernement d’Emmanuel Macron qui font grincer les dents des manifestants, les ressortissants de la fonction publique hospitalière ajoutent des revendications spécifiques.
Dans toute la France, les agents de la fonction publique d’État, territoriale et hospitalière se sont mobilisés pour défendre leurs métiers et statut. Ils étaient entre 108 000 (ministère de l’Intérieur) et 250 000 (CGT) dans les rues. À Marseille, les agents de l’hôpital Nord (AP-HM) sont aussi descendus de leurs étages.
Quelques soignants ont quitté leur poste et se sont relayés pour informer les patients et visiteurs de leurs conditions de travail. Si seule Force ouvrière était présent devant l’établissement, les autres délégations ont préféré gonfler les rangs de la manifestation interprofessionnelle unitaire qui se tenait sur le Vieux-Port dans la journée du 9 mai.
Les annonces de fermeture de maternités et de services de chirurgie, la « casse » et les suppressions de postes viennent plomber le moral des soignants, IDE en tête à l’Hôpital-Nord. « Les départs à la retraite sont remplacés mais cela peut mettre beaucoup de temps. Par contre, lorsqu’une collègue est en arrêt pour une pathologie lourde pendant sept ou huit mois, on ne la remplace pas , explique Véronique Lopez, infirmière détachée syndicale FO. Dans leurs services, les soignants remarquent notamment l’embauche de nombreux contractuels et craignent de perdre les bonnes relations avec le patient ainsi qu’une bonne coordination des soins. « Quand du nouveau personnel arrive, c’est sans être formé aux spécialités des services, alors qu’il y avait auparavant des doublons. »
Les soignantes relatent des services en tension et le manque d’attention portée aux patients. « On est censé travailler 7,48 h mais on peut faire 12 h. Dans ces conditions, on maltraite nos malades », poursuit une autre IDE, qui regrette le manque d’ASH et le fait que des patients peuvent entrer dans des chambres qui n’ont pas été préparées. « Hormis les services normés tels que la réanimation, on est à une soignante pour 15 patients. Quand il y a des absences au pied levé, il n’y a pas de remplacement. Les autres agents et les patients sont impactés par cela. Avant, une infirmière était stagiaire plus titulaire après un an. Maintenant, elles sont en CDD contractuels. »
Ailleurs en France, environ 40 services d’urgences mènent ou ont mené des mouvements de grève depuis mi-mars. Ils revendiquent du personnel et des lits supplémentaire pour « zéro hospitalisation brancard » et une augmentation de la rémunération des soignants.
Sandrine Lana
Les urgences la jouent collectifÀ lire dans « L'Infirmière Magazine », n° 405Réservé aux abonnés |