17/05/2019

Médicaments : la France a-t-elle perdu sa souveraineté ?

La France a délocalisé la production de principes actifs de ses médicaments en Asie, et se retrouve dans une inquiétante situation de dépendance.

Ces dix dernières, l’industrie pharmaceutique française a massivement délocalisé la production des principes actifs, qui sont la matière première des médicaments, de la France vers la Chine ou l’Inde. Résultat : « Nous sommes devenus dépendants de l’Asie », a reconnu Vincent Touraille, président du Syndicat de l’industrie chimique organique de synthèse et de la biochimie (Sicos). Il s’exprimait à l’occasion du colloque intitulé « Principes actifs et médicaments : la souveraineté de la France est-elle menacée ? », qui s’est tenu mardi 14 mai à l’hôtel des Invalides à Paris, c’est-à-dire dans les murs de l’armée, qui était co-organisatrice du colloque. Car celle-ci se retrouve, elle aussi, en situation de « vulnérabilité, a expliqué François Caire-Maurisier, pharmacien responsable de la pharmacie centrale des armées. Nous sommes aujourd’hui touchés par des pénuries sur des médicaments essentiels, qui peuvent mettre en danger nos forces armées. »

Une « multiplication des pénuries »

En 2017, en France, il y a eu 538 ruptures ou tensions d’approvisionnement, et 31 % des Français ont été confrontés à l’indisponibilité d’un médicament au cours des six derniers mois. Pour des produits aussi essentiels que les médicaments contre le cancer, « on assiste à un multiplication des pénuries, pour lesquelles on trouve de plus en plus difficilement de solutions, a rappelé Muriel Dahan, directrice des recommandations et du médicament de l’Institut national du cancer (Inca). Quarante-deux médicaments anticancer sont sous tension. Et ce ne sont pas les innovations qui sont touchées, mais les vieux médicaments essentiels. »

Comment inverser la tendance, et restaurer la souveraineté de la France ? Il y a un peu plus de dix ans, en 2008, la France était encore leader de la production de principes actifs en Europe. Aujourd’hui, elle ne dispose plus que de 100 sites de fabrication, essentiellement de vaccins, seuls produits pour lesquels la France dispose d’une autonomie. Les industriels présents au colloque – Servier, Ipsen et Sanofi – ont mis en cause « les normes règlementaires », en particulier environnementales, et le poids de la fiscalité en France. Ils ont aussi réclamé des « subventions » pour aider l’industrie à produire de nouveau sur le territoire.

Au nom de l’État, Julie Galland, chef du bureau des industries de santé à la Direction générale des entreprises, a renvoyé les industriels à leurs responsabilités : « Nous sommes ouverts à la discussion pour soutenir de véritables innovations, aider à rendre l’industrie plus compétitive. Mais pour y arriver, il faut, du côté des industriels, de l’ambition, et des emplois créés sur le territoire. Nous attendons des propositions. »

Caroline Coq-Chodorge

Les dernières réactions

  • 23/05/2019 à 09:51
    la grande bea
    alerter
    Jours après jours les grosses industries pour d'avantage s'enrichir programment la déchéance et la fin de l'humanité et se préoccupent très peu du devenir des patients. L'humain a-t-il un réel avenir. Il est bien loin le temps où les infirmières prenaient soin de leurs patients, certains jours je n'ai l'impression que d'être le maillon d'une grosse machine qui doit avant tout être rentable. Les patients aussi s'y perdent pensant que tout est possible et réparable sans d'abord se poser la question "qu'es-je fais pour préserver mon capital santé".
    Il est tant de réagir avant qu'il ne soit trop tard .Il faut relocaliser la production en France et préserver l'environnement. Je suis plutôt sur ma fin de carrière mais je pense aux générations futures, ne devenons pas malgré nous des assassins par notre immobilisme..

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