20/05/2019

Le risque d'une ère post-antibiotiques

A l'heure où se développe l'antibiorésistance, les professionnels de santé s'inquiètent : face à ces bactéries contre lesquelles les antibiotiques ne peuvent plus rien, des infections courantes et de petites blessures pourraient redevenir mortelles. L'urgence, aujourd'hui, est de stopper leur propagation.

Les résistances des bactéries aux antibiotiques pourraient devenir« l’une des plus graves menaces des temps modernes pour la santé mondiale » alerte l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En remettant en cause l’efficacité des antibiotiques, ces résistances pourraient faire basculer le monde dans une « ère post-antibiotiques » où des infections courantes et des petites blessures redeviendraient mortelles, et dans laquelle les maladies infectieuses retrouveraient le premier rang des causes de mortalité.

En France, deux types de bactéries sont particulièrement dans le viseur des autorités sanitaires. Les bactéries dites « multi-résistantes » (BMR) telles Staphylococcus aureus résistant à la méticilline (SARM) ou les entérobactéries produisant des β-lactamases à spectre étendu (EBLSE), et deux espèces de bactéries « hautement résistantes émergentes » (BHRe), les entérobactéries productrices de carbapénèmases et l’Enterococcus faecium résistant aux glycopeptides, insensibles à encore plus d’antibiotiques que les BMR. Ces bactéries font l’objet de programmes sanitaires car, s’agissant d’espèces commensales naturellement présentes chez l’homme, elles présentent un risque de diffusion importante dans la population.  

Faire barrière aux transmissions

Parmi les moyens pour lutter contre le développement de ces bactéries, le meilleur usage des antibiotiques concerne plutôt les prescripteurs, tandis que l’application de mesures barrières d’hygiène concerne l’ensemble des professionnels intervenant dans les établissements de santé ou au domicile des patients. Ces mesures, mises en œuvre par les soignants au travers des « précautions d’hygiène », visent à prévenir les transmissions croisées d’agents infectieux, soit de patient à patient, soit de l’environnement à un patient.

Trois niveaux de précautions sont distingués en fonctions des situations : les précautions « standard », les précautions complémentaires (contact, gouttelettes et air), et les précautions spécifiques « de type BHR ». Sachant que l’application rigoureuse des précautions d’hygiène standard (hygiène des mains, port de gants, de masque ou de tablier…), permet le plus souvent d’éviter le recours à des précautions complémentaires. Le principe retenu étant que tout individu et tout produit biologique d’origine humaine peut être porteur ou contenir des micro-organismes susceptibles d’être transmis lors du soin, les précautions standard doivent être appliquées pour tout soin, en tout lieu, pour tout patient, et par tout professionnel de santé.

Thierry Pennable



Bactéries résistantes
aux antibiotiques

A lire dans « L'Infimière libérale magazine », n° 358

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