16/07/2019

Sida : moins de décès dans le monde, mais l’épidémie reste difficile à circonscrire

Deux rapports sur le VIH sont parus à quelques jours d’écart : celui rendu par la Cour des comptes au Sénat, concernant la prise en charge et la prévention de l’épidémie en France, et le Rapport mondial de l’OnuSida sur la maladie. Les deux donnent des chiffres encourageants, mais lancent aussi un signal d’alerte.

Le récent rapport de l’OnuSida, publié le 16 juillet, nuance une bonne nouvelle : si « à l’échelle mondiale, environ 1,7 million de personnes ont été contaminées par le VIH en 2018, soit une baisse de 16 % par rapport à 2010, ceci tient principalement aux progrès constants réalisés dans presque toute l’Afrique de l’Est et en Afrique australe : l’Afrique du Sud, par exemple, a réussi à réduire les nouvelles contaminations à VIH de plus de 40 % et les décès liés au Sida d’environ 40 % depuis 2010. »  

95-95-95 pour 2020 ?

L’OnuSida avait lancé en 2004 l’objectif « 90-90-90 » pour éradiquer la transmission du virus : « 90 % des personnes vivant avec le VIH doivent connaître leur statut sérologique, 90 % des personnes infectées et dépistées doivent recevoir un traitement antirétroviral durable et 90 % des personnes recevant ce traitement devront avoir une charge virale durablement supprimée (en dessous de 50 copies du virus/ml de sang). » En France, ces objectifs ont été rehaussés via une stratégie nationale pour atteindre une cible de 95-95-95 d’ici à 2020. Avec 84 à 86 % de personnes diagnostiquées en France, le premier terme de cet objectif est le plus éloigné de la cible, ce qui renvoie vers une amélioration indispensable du dépistage.

Ainsi la Cour des comptes, dans son rapport à la commission des affaires sociales du Sénat rendu le 9 juillet denier, fait le constat d’une épidémie toujours active et cependant difficilement mesurable, notamment du fait des personnes infectées mais non détectées. Les estimations font état d’environ « 172 700 personnes contaminées en France, dont 31 425 ne sont pas prises en charge, parmi lesquelles 24 000 ignorent leur séropositivité ».

Le nombre de malades ayant déclaré le Sida et étant pris en charge continue d’évoluer lentement chaque année (+3% par an en moyenne), passant de 125 633 personnes en 2012 à 141 275 en 2016. Les personnes infectées mais non détectées sont évaluées à 14% des personnes vivant avec le VIH en France. 60% des nouvelles contaminations seraient issues de ces 24 000 malades qui s’ignorent.

Dépistage et prévention : maîtres-mots de la lutte contre le VIH

Pour juguler l’épidémie, la France a investi en 2016 1,6 milliard d’euros dans la lutte contre le Sida, dont 10 % dédiés à la prévention (les autres dépenses se répartissant à 95 % pour la prise en charge et 3 % la recherche). La Cour des comptes établit trois recommandations directement liées à la prévention :
- « renforcer la diffusion des prophylaxies pré et post-exposition » ; 
- « accroitre l’offre de dépistage en autorisant le remboursement par l’assurance maladie des sérologie sans prescription médicale et la diffusion en vente libre des autotests » dans les pharmacies ;
- « mettre en place un dépistage organisé du VIH pour la population générale, intégré dans une consultation de prévention ou de santé sexuelle, par les professionnels de santé libéraux ».

De son côté, l’OnuSida pointe du doigt les fortes disparités dans la détection et le traitement de la maladie, dues notamment à la stigmatisation des malades du fait de leur maladie ou de leur appartenance à une population-clé (homosexuels, travailleurs du sexe, usagers de drogue…).

La directrice exécutive par intérim de l’OnuSida, Gunilla Carlsson, insiste : « Nous pouvons éliminer le Sida en nous concentrant sur les personnes, et non pas sur les maladies, en élaborant des feuilles de route pour les populations et les régions laissées pour compte et en adoptant une approche fondée sur les droits de l’Homme pour atteindre les personnes les plus touchées par le VIH.  »

Encourager les médicaments génériques

La Cour des comptes, dans sa dernière recommandation, souhaite que les dépenses de médicaments soient « mieux régulées », « en mettant en œuvre un plan ambitieux de baisse des prix des antirétroviraux sur la base d’une réévaluation d’ensemble de cette classe thérapeutique, et en augmentant la part des génériques dans les prescriptions d’antirétroviraux, par une sensibilisation des prescripteurs, des pharmaciens et des patients ».

La prise en charge médicamenteuse représentait, en 2016, 1,375 milliard d’euros soit 95 % des dépenses liées au VIH en France, soit 3,6 % de l’ensemble des dépenses de médicaments de ville. Les traitements sont là, mais la maladie continue de tuer : en France, 1500 décès liés au Sida sont à déplorer chaque année.

VSK

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