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La ministre de la Santé a dévoilé lundi dernier une série de mesures destinées à soulager les urgences en surchauffe. Parmi elles, on trouve la création d’une mention « Urgences » pour les infirmières de pratique avancée (IPA), ainsi que le renforcement de certains protocoles de coopération.
Un nouveau métier. C’est ce que la profession infirmière retiendra des déclarations faites par Agnès Buzyn lundi dernier, lors d’une visite au CHU de Poitiers, pour améliorer le quotidien des services d’urgence en grève depuis des mois. La ministre de la Santé a en effet annoncé la création d’IPA spécialisées dans les urgences. Celles-ci « pourront directement prendre en charge les patients (diagnostic à l’aide d’un algorithme, réalisation d’actes techniques en autonomie, prescription d’imagerie) », selon les termes d’un communiqué diffusé par l’avenue Duquesne.
Cette proposition est issue du travail du député-urgentiste « En Marche » Thomas Mesnier et du Pr Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), qui doivent rendre un rapport sur les urgences à l’automne mais qui ont déjà fait part de leurs premières orientations à Agnès Buzyn la semaine dernière. Et pour Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers (ONI), il y a toutes les raisons de se réjouir de l’arrivée prochaine des IPA urgentistes. « C’est une idée que nous avions poussée lorsque nous avons été auditionnés par la mission Carli-Mesnier, et c’est une avancée pour la profession », déclare le patron de l’Ordre.
« Les IPA ne sont pas la solution totale pour l’ensemble des problématiques que nous connaissons aux urgences et qui durent depuis des années, nuance Patrick Chamboredon. Mais les rapports, et notamment ceux de la Cour des comptes, montrent bien qu’une partie des patients qui arrivent aux urgences relèvent plutôt de la "bobologie" et n’ont pas nécessairement besoin d’être vues par un médecin. »
En plus de la création de ces IPA urgentistes, le ministère de la Santé a par ailleurs souhaité renforcer l’autonomie des infirmières aux urgences en donnant « un coup d’accélérateur » aux protocoles de coopération concernant les sutures et les plaies. Ces mesures n’auront cependant pas d’effet immédiat sur les services actuellement en grève : les programmes des masters de pratique avancée « Urgences » doivent d’abord être définis, et les infirmières qui souhaitent s’y inscrire ne pourront le faire qu’à la rentrée 2020. Les premières IPA urgentistes n’arriveront donc au chevet des patients, au mieux, qu’à la fin de l’été 2021.
Adrien Renaud