etudiants

04/10/2019

Frais illégaux en IFSI : "Faire respecter le devoir de gratuité de l’enseignement"

Dénonçant les pratiques de certains IFSI, qui ont facturé des frais supplémentaires aux ESI par rapport aux étudiants des autres cursus, la FNESI a saisi récemment le tribunal administratif de Nantes pour exiger le remboursement de ces frais qualifiés d’illégaux. En attendant la réponse du juge, le syndicat étudiant adresse aujourd’hui une lettre ouverte à Emmanuel Macron, que nous reproduisons dans sa totalité.

Monsieur le Président de la République,

En ce début d’année, l’amertume des étudiants en soins infirmiers est vive. Alors que la précarité est au cœur de tous les débats, que le mal-être n’a jamais été aussi présent chez les étudiants en santé, que notre système connaît de profonds bouleversements et que le mécontentement se fait ressentir chaque jour plus fortement, le manque d’action des pouvoirs publics est à son apogée .

Nous venons de passer des années à travailler sur la suppression du concours d’entrée en formation dans l’objectif premier de lutter contre la sélection sociale. Grande fut la surprise des étudiants en soins infirmiers de constater que dans plus de la moitié des Instituts de Formation en Soins Infirmiers publics, les étudiants sont contraints de s’acquitter de frais importants et non prévus.

La FNESI a par ailleurs dénoncé ces pratiques dans son dossier de presse “Frais complémentaires illégaux : quand les IFSI explosent la tirelire des étudiant·e·s!” paru le 29 juillet 2019. Ces sommes allant jusqu’à 335 € par étudiant sont justifiées pour payer des services tels que le WIFI, les photocopies, les tenues ou encore des unités d’enseignements. Où s’arrêtera le désengagement politique et financier des acteurs, pourtant garants de notre formation ? Que demandera-t-on demain aux étudiants pour mener à bien leur formation ? De payer la location des chaises ? De payer le chauffage ? Ce qui peut vous paraître sarcastique est pourtant en passe de devenir une réalité dans le quotidien des étudiants en soins infirmiers.

Un an après la suppression du concours, l’Etat incombe la responsabilité aux Régions, les Régions soulignent un manque de compensation de l’Etat et incitent ainsi les IFSI à combler le manque à gagner avec l’argent des étudiants. Les IFSI quant à eux se retrouvent à la fois pris en tenaille entre un manque d’information et un manque de moyens. Au final, dans une gouvernance au millefeuille évident, c’est à l’étudiant que l’on demande de signer le chèque.

À l’heure où la volonté du gouvernement se veut porter sur le débat citoyen, ce sont pourtant 50 000 étudiants qui restent dans l’ignorance la plus totale face à leur revendication. “Ecoutons les jeunes, ils sont l’avenir de la nation” était votre discours, Monsieur le Président. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’en est-il de ces millions d’euros déboursés à tort par l’un des publics les plus fragiles financièrement de notre pays 

Qu’en est-il de ce manque de transparence évident admis sur Parcoursup, plateforme nationale pourtant mise en place par votre gouvernement ? Qu’en est-il des acteurs qui refusent d’assumer les responsabilités qui leurs incombent ? La passivité face aux alertes citoyennes montre le désintérêt du gouvernement vis à vis d’une problématique touchant plus de 50% des étudiants en soins infirmiers, une fois de plus, marginalisés.

Nous, soignants de demain, avons le sens du devoir. Nous apprenons quotidiennement à prendre nos responsabilités en tant que futurs professionnels, tout en ayant grandi dans un pays où la loi prime. Nous souhaitons donc que vous mettiez tout en œuvre pour que ce devoir de gratuité de l’enseignement, à tous les degrés, soit respecté . La Constitution, loi fondamentale de notre Etat, se doit d’être appliquée.

En 2017, vous vous êtes engagé à prendre soin des Français. Aujourd’hui, nous vous demandons de prendre soin des soignants de demain. Monsieur le Président, c’est en vous engageant fermement à l’encontre de ces frais " complémentaires " que vous participerez à l’amélioration des conditions de vie et d’études des étudiants en soins infirmiers. Nous parlons ici de près de 4 millions d’euros que les étudiants déboursent chaque année pour pallier le désintérêt public. Cette situation ne peut plus durer : l’heure est à l’action. Ce n’est pas en précarisant davantage les étudiants que nous prendrons soins des soignants de demain.

Supprimer ces frais, c’est investir dans la réussite des étudiants et dans leur bien-être. C’est investir dans l’égalité des chances , dans la lutte contre la précarité et dans le progrès. Mais c’est aussi investir dans l’inclusion des étudiants en soins infirmiers dans le droit commun.

L’Association Nationale des Directeurs d'Écoles Paramédicales (ANdEP) sensible aux difficultés rencontrées et soucieuse des éléments mis en avant par la Fédération Nationale des Etudiant·e·s en Soins Infirmiers (FNESI) est prête à apporter sa contribution à cette réflexion pour l’ensemble des étudiants des filières paramédicales inscrits dans des établissements publics ; il y a urgence à ce que les services de l’Etat et des Régions rencontrent l’ensemble des acteurs de la formation pour trouver, ensemble des solutions aux problèmes soulevés.

Comptant sur votre détermination à prendre soin de chacun, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, nos plus respectueuses salutations.

Florence Girard, Présidente de l'AndEP |  Bilal Latrèche, Président de la FNESI

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