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Les accusations incriminant les vaccins contre l’hépatite B et le papillomavirus de déclencher la SEP ont suscité la défiance envers ces derniers. Le point avec le Pr Patrick Vermersch, neurologue à l’université de Lille.
Cette polémique, essentiellement française, est scientifiquement close depuis le début des années 2000, même si elle fait encore l’objet de débats et d’articles dans les médias. Elle a eu le mérite d’engendrer la réalisation de nombreuses études épidémiologiques comparant le nombre de cas dans une population de personnes vaccinées et dans une population appariée non vaccinée.
Aucune des études réalisées dans des conditions rigoureuses n’a montré un lien causal entre l’un de ces vaccins et la SEP ou même, chez les patients déjà atteints, entre ces vaccins et une poussée de SEP. En fait, si la vaccination stimule le système immunitaire, il a été montré d’un point de vue immunologique, radiologique et clinique que ces vaccins ne réveillent absolument pas les populations lymphocytaires en cause dans le déclenchement de cette maladie. En revanche, une infection un peu sévère peut réveiller certains clones lymphocytaires mais aussi les clones de lymphocytes autoréactifs et décompenser la SEP. D’où l’intérêt d’en informer objectivement les patients. Les acteurs de santé doivent contribuer à lever les doutes semés par le discours des lobbies anti-vaccins car il a un impact catastrophique sur la couverture vaccinale et sur l’évolution de certaines maladies, comme la rougeole, l’hépatite B ou le cancer du col de l’utérus, notamment. Le seul vaccin pour lequel nous ne disposons pas de toutes les réponses scientifiques, est le vaccin contre la fièvre jaune car les études sont difficiles à conduire, faute de populations suffisantes. Au-delà de cette réserve, pour tous les autres vaccins, les réponses scientifiques sont incontestables, y compris pour la grippe.
C’est la raison pour laquelle, dès la phase du diagnostic, lorsque sont évoqués certains traitements qui peuvent, comme les anti CD 20, discrètement favoriser le risque d’infection, on remet préalablement à jour le calendrier vaccinal en y incluant, en fonction du terrain et des thérapeutiques que l’on veut proposer, des vaccins (vaccin contre le pneumocoque par exemple) qui ne sont pas dans tous les calendriers vaccinaux. Une démarche soutenue par la Société française de sclérose en plaques, qui met gratuitement à disposition sur son site toutes les données scientifiques concernant les vaccins et la SEP. Une conférence de consensus sur ce sujet est également accessible en libre accès sur Internet et dans la revue de la Société française de neurologie pour dissiper les doutes, s’il en est, et tenter de clore ce débat.
Propos recueillis par Marie Fuks
Dossier Formation : la sclérose en plaquesÀ lire dans « L'Infirmière magazine », n° 308Réservé aux abonnés |