© D. R.
Trois collectifs (inter-urgences, inter-hôpitaux et inter-blocs) portent désormais la voix des soignants dans la crise de l'hôpital public. Une de leurs revendications porte sur la revalorisation des rémunérations. Lors d'une interview dimanche dernier, Agnès Buzyn a reconnu l'écart salarial entre les soignants français et la moyenne de ceux de l'OCDE et ouvert la porte à une augmentation.
Les trois collectifs Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux et Inter-Blocs portent un regard critique sur l'organisation des soins, la suppression des lits et la tarification à l'activité. Leur action la plus symbolique est la grève de la T2A. Ils prévoient aussi plusieurs actions publiques : une manifestation s'est tenue hier, mardi 15 octobre, aux côtés des sapeurs-pompiers, et deux sont à venir, le 29 octobre et le 15 novembre.
Parmi leurs revendications, la revalorisation salariale est un cheval de bataille. En effet, le Panorama de la santé 2017, publié par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), rappelle qu'avec un diplôme équivalent à une licence (trois ans d'études) et des conditions de travail exigeantes, les infirmières hospitalières françaises perçoivent une rémunération inférieure de 5% au salaire moyen français. Ce qui fait de la France le pays de l'OCDE qui rémunère le moins bien ses IDE, juste devant la Lettonie, quand la moyenne des 29 pays de l'OCDE place les infirmières à un salaire de 14% supérieur au salaire moyen général.
Sur la base de cet argument et devant la désaffection des métiers de santé, notamment les formations d'aides-soignants, les collectifs demandent une augmentation de 300€ des salaires hospitaliers. Dans une interview CNews/Europe1/Les Echos, la ministre de la Santé a reconnu dimanche qu'il y avait «un problème de rémunération» des personnels hospitaliers et assuré qu'elle y «travaill(ait)» afin de «rendre l'hôpital public plus attractif». «Il la faut. Je pense qu'il y a un problème de rémunération si on veut rendre l'hôpital attractif. Un vrai travail doit s'engager. J'ai demandé à mes services d'ouvrir le dossier [...] parce que c'est vraiment trop difficile aujourd'hui.»
La ministre de la Santé et des solidarités, si elle «comprend l'impatience» des soignants, se dit «sidérée, d'abord de leur méconnaissance du système, du nombre d'informations fausses dont ils disposent et sur lesquelles ils basent leurs raisonnements et à quel point leurs solutions sont des solutions de court terme qui ne régleront pas le problème».
«Tout le monde fait le même constat: ça va mal, on sait pourquoi. » Et d'enchaîner sur les actions politiques en cours, notamment le projet de réforme de la Santé, dont le cap a été voté cet été par l'Assemblée nationale.
Il reste que les solutions de moyen et long terme, même si elles existent et seront bientôt la feuille de route de l'hôpital, ne paraissent pas répondre à la grave crise générale, qui se tient dans l'instant présent. Les collectifs dénoncent le «bricolage» et maintiennent la journée d'action, prévue le 29 octobre et le grand rassemblement le 15 novembre prochain, auquel la population, les familles, les aidants, les malades sont conviés.
Véronique Seignard-Kowalewski