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Une étude récente du ministère de la Santé montre que si le nombre de lits d’hospitalisation complète des établissements français est en diminution, ce n’est pas le cas du nombre de places d’hospitalisation à temps partiel. Bonne ou une mauvaise nouvelle ?
La situation des hôpitaux n’est pas si grave que vous le croyez. Tel est le message que semble vouloir faire passer la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé en publiant ce mois-ci une analyse des dernières statistiques sur les capacités hospitalières. Les chiffres mis en avant, tirés de la Statistique annuelle des établissements (SAE) pour l’année 2018, semblent en effet montrer que la baisse du nombre de lits en hospitalisation complète est contre-balancée par la hausse du nombre de places en hospitalisation à temps partiel (ambulatoire, hospitalisation de jour, etc.). Sauf que derrière ce constat rassurant se cache une réalité moins reluisante.
Certes, nous apprend la Drees, le nombre de places en hospitalisations à temps partiel a augmenté de 2,4 % entre 2017 et 2018, quand dans le même temps, le nombre de lits d’hospitalisation complète diminué de 1 %. Mais comparer l’hospitalisation complète et l’hospitalisation à temps partiel revient un peu à comparer des choux et des carottes, du moins si l’on en croit Hugo Huon, infirmier et président du collectif Inter-urgences. « On ne s’adresse pas au même public, pointe ce militant. L’ambulatoire n’est pas adapté à tout le monde », ajoute-t-il, citant notamment les cas des personnes âgées et des plus précaires.
Deuxième point négatif : si l’on passe des pourcentages aux valeurs absolues, la hausse des places en hospitalisation partielle est loin de compenser la baisse du nombre de lits en hospitalisation complète. Le nombre des premières est en effet passé entre 2017 et 2018 de 75 452 à 77 291, soit un gain de 1 839 places. Dans le même temps, les effectifs des seconds passaient de 399 865 à 395 693, soit une chute de 4 172 lits. En un an, a donc perdu 2,3 lits d’hospitalisation complète pour une place d’hospitalisation à temps partiel gagnée.
Mais après tout, les places d’hospitalisation à temps partiel permettent, sur une durée donnée, d’accueillir davantage de patients que les lits d’hospitalisation complète. En jouant sur les rotations plus rapides des premières, on pourrait imaginer faire tout de même face à la demande de soins. Mais pour Hugo Huon, ce transfert a un désavantage certain. « Il faut prendre en compte les conditions de travail, plaide le militant. Si on n’a plus que les cas les plus graves dans les services d’hospitalisation complète, la charge en soin deviendra tellement lourde que plus personne ne voudra y travailler. »
Enfin, last but not least, le transfert des lits d’hospitalisation complète vers l’hospitalisation à temps partiel se fait dans le cadre d’une baisse globale du nombre d’établissements. La Drees note en effet que le nombre d’entités géographiques a diminué de 4,2 % entre 2014 et 2018 pour les hôpitaux publics, de 1,3 % pour les cliniques privées et de 0,3 % pour les structures privées à but non lucratif. Plus d’ambulatoire, concentré dans moins d’hôpitaux : tel est le futur qui semble se dessiner pour les établissements.
Adrien Renaud