08/11/2019

Suicide : du lien au bout du fil

La cellule d’écoute et de veille active contre le suicide, au sein du dispositif VigilanS 78, a ouvert au printemps. Son action de prévention du risque de récidive complète le suivi de ville et des centres médico-psychologiques.

Dans les locaux du CH de Plaisir (78), une « VigilanSeuse » est au téléphone avec une personne hospitalisée dix jours plus tôt au CH de Rambouillet, après une tentative de suicide (TS). Elle fait le point avec son interlocuteur : a-t-il consulté le psychiatre qui le suit, comme prévu lors de sa sortie des urgences ? Durant l’entretien, la professionnelle de santé évalue le risque suicidaire du patient. « Si nous nous trouvons en présence d’une personne encore très en difficulté, nous l’orientons au plus vite, explique Olivia Barasino, médecin coordonnatrice du dispositif. Si nous estimons qu’il y a un risque de suicide immédiat, nous déclenchons les secours, en contactant le Samu. En cas d’urgence relative, c’est-à-dire quand une consultation est nécessaire dans les vingt-quatre heures, nous faisons en sorte que le patient se rende aux urgences. Si un proche est près de lui, nous lui demandons d’emmener le patient aux urgences. Sinon, nous appelons une ambulance. » Pour un patient fragile ne nécessitant pas de soins immédiats, l’équipe de VigilanS 78 lui demande son accord pour le mettre en lien avec un psychiatre libéral ou un CMP.

Une veille active de six mois

L’équipe des Yvelines veille actuellement une centaine de patients, pour une période de six mois. À leur sortie des urgences, les patients ayant effectué une TS sont sollicités par l’équipe. S’ils intègrent le dispositif VigilanS, le numéro vert de la cellule leur est remis. L’équipe est pour le moment joignable la journée en semaine. Lors des horaires de fermeture, un répondeur dit aux correspondants à quelles structures s’adresser en cas d’urgence. Les numéros ayant appelé le standard sont recontactés dès réouverture des bureaux de VigilanS 78.

La littérature scientifique précise que c’est pendant les six mois suivant la TS, et particulièrement durant le premier, qu’une récidive est le plus à craindre. Tous les patients intégrés à VigilanS 78 sont appelés six mois après leur sortie des urgences. Les personnes considérées comme les plus à risque reçoivent un coup de fil supplémentaire, dix jours après leur passage aux urgences. Il s’agit des mineurs, des personnes âgées, de celles ayant une addiction à l’alcool associée, ou ayant fait un geste suicidaire grave ayant nécessité une hospitalisation en réanimation, ainsi que les personnes ayant déjà des antécédents de TS.

Pour parvenir à joindre les patients, trois appels successifs sont réalisés, à des jours et à des créneaux horaires différents. S’ils restent injoignables, une carte postale leur est envoyée. Il s’agit d’établir un lien personnalisé avec le patient. « Nous avons fait des recherches dans notre stock personnel de photographies pour les illustrations, précise Magalie Lio, cadre de santé de l’équipe. Nous avons rédigé des formules simples pour demander au patient comment il va, lui souhaiter un bon rétablissement. Certains nous recontactent après réception de la carte. »

Au terme de chaque conversation téléphonique, un compte-rendu est envoyé au professionnel suivant le patient. « Les personnes peuvent nous dire des choses dont ils n’ont pas parlé à leur médecin, leur psychologue ou leur psychiatre, précise Olivia Barasino. D’où l’importance du réseau. Nous sommes là pour replacer le patient dans sa prise en charge existante quand il y en a une, ou l’amener vers le réseau de soins quand il n’est pas suivi. » 

Marie-Capucine Diss

Suicide : la prévention sur le pont

A lire dans « L'Infirmière magazine », n° 309

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