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Après plusieurs mois de consultations en ligne et de rencontres sur le territoire, l’Ordre infirmier a dévoilé mercredi matin un livre blanc censé porter la parole de la profession. Son leitmotiv : élargir encore et toujours le champ de compétence des infirmières.
« Est-ce que le paradigme du tout-médical est encore d’actualité ? » Ainsi s’interrogeait ce mercredi Patrick Chamboredon, président de l’Ordre national des infirmiers (ONI), en présentant à la presse le livre blanc qu’il a remis à la ministre de la Santé la semaine dernière. Question purement rhétorique, si l’on en juge par le contenu de ce document qui émet en tout 26 propositions visant à définir de nouveaux rôles pour la profession.
Le livre blanc a été élaboré lors de la grande consultation infirmière orchestrée par l’Ordre depuis le mois de février dernier sur deux fronts : une enquête en ligne qui a réuni les avis de 20 000 répondants d’une part, et une série de quinze forums régionaux qui ont en tout rassemblé près de 4 000 inscrits. Les participants étaient appelés à réagir aux propositions de l’Ordre, et pouvaient également s’exprimer de manière libre.
« Cette consultation a mis en évidence le blues de la profession, ce qui ne nous a pas surpris, indique Patrick Chamboredon. Soutenir les diverses manifestations que l’on observe en ce moment n’entre pas dans les prérogatives de l’Ordre, mais nous y sommes sensibles et tentons de faire remonter ce manque de reconnaissance. » Ce qui rentre dans les prérogatives de l’Ordre, en revanche, c’est de faire des propositions sur le périmètre professionnel des infirmières. Et le livre blanc ne s’en prive pas.
Celui-ci en appelle par exemple à « reconnaître pleinement la consultation infirmière ». Pas moins de six propositions ont trait à ce sujet, avec par exemple une consultation infirmière dédiée aux patients chroniques soutenue par 94 % des répondants à la grande consultation. L’élargissement du rôle de prescription des infirmières est également abordé avec, entre autres, la prescription du matériel nécessaire à l’autonomie soutenue par 92 % des répondants.
D’autres propositions portent sur le rôle infirmier en matière de qualité des soins, de prévention, ou encore sur le statut des professionnels. « Nous voulons renforcer l’infirmière dans son rôle de clinicienne, résume Patrick Chamboredon. C’est une transformation qui s’est déjà opérée dans beaucoup de pays du monde. » Reste à savoir ce que les autres professions, à commencer par les médecins, pensent de la conception expansionniste du rôle infirmier que l’Ordre semble avoir adopter.
Adrien Renaud