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Les infirmières protestent aux côtés des autres soignants partout en France, surtout à l’hôpital, pour réclamer de meilleures conditions de travail et de rémunération. Une étude vient mettre en lumière le fait qu’elles sont bel et bien moins bien rémunérées que leurs voisines et moins bien que la moyenne des pays de l’OCDE.
Les infirmières françaises à l’hôpital avaient, en 2017, un salaire moyen inférieur d’environ 10 % à la moyenne de l’OCDE. Si on regarde les chiffres en moyenne de pouvoir d’achat, on peut alors comparer leur niveau de vie par rapport à leurs collègues : là encore, une infirmière française dispose d’un pouvoir d’achat inférieur à la moyenne des pays de l’OCDE. C’est d’ailleurs, le plus faible d’Europe occidentale.
Leurs voisines italiennes sont également sous la moyenne, à quelques points au-dessus de la France. Mais l’écart se creuse lorsqu’on le compare les revenus des infirmières allemandes (environ 20% supplémentaire de pouvoir d’achat) ou belges, 30 % de plus. « Ce niveau de rémunération n’est que le haut de l’iceberg mais impose une revalorisation », explique Tiphaine Morvan, infirmière à l’AP-HP et mobilisée au sein du collectif inter-hôpitaux, qui a pris connaissance du rapport. « C’est irrespectueux de la part de nos instances supérieures au vu du travail que nous fournissons. Nous avons l’une des formations les plus dures et des responsabilités supplémentaires par rapport à d’autres pays. On ne peut pas tolérer cela. »
Ce niveau de rémunération est selon la soignante l’une des raisons des difficultés à recruter, à Paris notamment. « A l’AP-HP, il manque 500 IDE que nous n’arrivons pas à recruter en raison des difficultés de logement mais aussi du salaire, poursuit-elle. On risque de se retrouver avec une fuite des infirmières vers d’autres pays, comme il y a eu la fuite des scientifiques. » Les Luxembourgeoises sont les mieux valorisées et profitent d’un pouvoir d’achat plus de deux fois supérieur à la moyenne de l’OCDE.
Les médecins hospitaliers français ne sont pas épargnés par un salaire plus bas que leurs homologues d’Europe occidentale. Il est proche du salaire d’un Suédois ou d’un Estonien tandis qu’un spécialiste allemand gagne environ 40 % de plus à l’hôpital qu’en France. Il y a un mois, la ministre de la Santé Agnès Buzyn reconnaissait d'ailleurs qu’un travail devait être entamé sur l’attractivité des rémunérations des soignants.
Par ailleurs, le rapport montre aussi que le nombre d’infirmières a augmenté en France depuis l’an 2000, passant d’environ 6 à 10 pour 1000 habitants entre 2010 et 2018. Mais ce comptage est à relativiser puisque il comprend, en plus des IDE soignant directement, les coordinatrices, les gestionnaires de services, enseignants… A titre de comparaison, l’Islande est à 14 et les États-Unis à 11,5, tout comme l’Irlande.
Sandrine Lana