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La relation de soin entre infirmière et patient est un équilibre à maintenir, en restant dans le cadre de la juste distance. Mais en cas de décès d’un patient, surtout lors d’un parcours de soins qui a duré, quelle est la bonne attitude à avoir ? Doit-on, ou non, assister aux obsèques ?
Plus fréquemment dans des services d’hospitalisation longue ou répétée (oncologie, gériatrie, néonatalogie, etc.) que dans des unités de court séjour, lorsqu’un patient décède, les soignants peuvent être conviés à assister aux obsèques. Mais, participer à une telle cérémonie, n’est-ce pas faire tomber les barrières de la distance professionnelle ? « Le soin est une relation, un contact humain, qui implique une certaine proximité, remarque Alexandre Manoukian, psychologue clinicien en milieu hospitalier et auteur de « La relation soignant-soigné » (Ed. Lamarre, 2008). Dans une prise en charge qui dure plusieurs semaines, on entre dans le champ de la rencontre humaine avec le patient ou avec son entourage. »
Autrement dit, les équipes sont déjà, de fait, entrées dans la sphère de l’intime. « Pour les familles comme pour les malades, les liens noués avec les soignants peuvent être très forts, et il faut respecter cette forme d’attachement, tant que ce dernier est cordial », ajoute le psychologue.
Dans ce contexte, assister aux obsèques permet de poser, de façon rituelle, le dernier acte d’une prise en charge globale, qui a associé l’entourage et dans laquelle les soignants se sont impliqués. « C’est aussi une façon de montrer que le défunt a été soigné par des gens et non par des robots », précise Alexandre Manoukian.
Puisqu’on est dans le champ de la relation humaine, pourtant, rien n’est systématique. «Nous n’avons pas les mêmes atomes crochus avec tous les patients ni toutes les familles », reconnaît Alexandre Manoukian. Ainsi, si les soignants ne souhaitent pas assister aux obsèques, il est toujours possible de se retrancher derrière son indisponibilité. « Il n’y a pas d’obligation, dans un sens ni dans l’autre. Mais quand la famille propose à l’équipe de venir à un enterrement, c’est qu’elle a déjà senti que les soignants seraient enclins à venir. »
Lisette Gries
Que faire quand la famille d’un patient me demande d’assister aux obsèques ?A lire dans « L'Infirmière magazine », n° 409Réservé aux abonnés |