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Après une enquête de l'ARS, l'Ordre des infirmiers a condamné quatre infirmières d'un Ehpad près de Pontarlier (25). Une décision mal vécue par les professionnelles mises en cause, qui ont le soutien de leurs collègues.
Quatre infirmières d'un Ehpad du Doubs (25) ont été condamnées le 27 novembre à quinze jours d'interdiction d'exercer avec sursis, par la chambre disciplinaire de l'Ordre des infirmiers de Bourgogne-Franche Comté. L'agence régionale de santé avait en effet ouvert une enquête début 2019, après le signalement de la famille d'une résidente décédée à l'Ehpad du Larmont, rattaché au centre hospitalier intercommunal de Haute-Comté (CHIHC). Trente-trois cas ont fait l'objet d'un examen par l'ARS, qui a pointé du doigt un taux de mortalité supérieur à la moyenne nationale et la consommation inhabituelle de certaines molécules médicamenteuses utilisées pour la sédation des personnes en fin de vie.
Pour l'avocat des quatre infirmières, Me Frédéric Delaméa, cité par L'Est Républicain, il n'y a pas eu de faute déontologique. La surmortalité statistique peut s'expliquer par l'âge moyen élevé des résidents, ainsi que leur état de santé relativement moins bon à leur arrivée que dans d'autres Ehpad. L'administration de sédatifs est, pour le conseil, adaptée aux situations rencontrées.
La décision administrative et l'ensemble de la procédure ont été difficiles à vivre pour les mises en cause. A la demande des syndicats, le CHSCT de l'établissement s'est réuni de manière extra-ordinaire. « Nous tenions à ce que la direction confirme la mise en place de mesures d'accompagnement de nos collègues, souligne Mélanie Ardiet, secrétaire de l'instance. De fait, la protection fonctionnelle, notamment via la mise à disposition d'un avocat, et la prise en charge des répercussions psychologiques ont été reconduites. »
Cette prise en charge s'étend d'ailleurs à l'ensemble du personnel. « La cellule psychologique, ouverte au sein de la médecine du travail dès les premiers jours du dossier, a été réactivée. Une psychologue supplémentaire, extérieure à l'établissement, a également proposé des rendez-vous aux quatre mises en cause », précise Mélanie Ardiet.
Les infirmières ont jusqu'au 27 décembre pour interjeter appel de la décision administrative. En parallèle, une procédure pénale est toujours en cours, après une alerte du parquet par l'ARS. Plusieurs membres du personnel ainsi que des familles de résidents ont témoigné leur soutien aux soignantes lors d'une manifestation le 30 novembre, qui a rassemblé environ 200 personnes.
Lisette Gries