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L’enquête annuelle de la Société française de gériatrie et gérontologie (SFGG) a analysé les pratiques de contention physique dans les établissements gériatriques et gérontologiques. Sa mise en œuvre mériterait une meilleure formation des professionnels.
Pour l'édition 2019 de son enquête nationale (1) « Pratiques et usages en gériatrie et en gérontologie » (PUGG), la SFGG s'est intéressée à l'usage, aux indications et aux pratiques de la contention physique dans les établissements gériatriques et gérontologiques.
Parmi les indications potentielles de contention, le risque de chute arrive en tête. Il s’agit du premier motif cité, à plus de 95 % par les Ehpad, suivis par les soins de suite et de réadaptation (SSR) à 94 %, les soins de longue durée (SLD) à 89 %, puis les MCO-CSG (médecine, chirurgie, obstétrique – court séjour gériatrique) et les UCC-UHR (unités cognitivo-comportementales – unités d’hébergement renforcé), à 70 % chacun. L’enquête révèle également que la majorité des établissements mettent à disposition des équipes un matériel spécifique pour la contention – les plus utilisés étant la double barrière de lit et la ceinture avec maintien pelvien.
Selon l’enquête, quasiment toutes les structures disent avoir mis en place une politique institutionnelle sur la contention. « Les établissements de santé doivent avoir des protocoles, des procédures, rapporte Fabien Ory, infirmier, étudiant au diplôme d’État d’infirmier de pratique avancée (IPA) au CHU de Rennes et cosignataire de l’enquête. Cela ne veut cependant pas dire que les professionnels les consultent, et ce n’est pas synonyme de politiques de formation et d’information associées. »
Comme le souligne le Pr Dominique Somme, chef de service de gériatrie au CHU de Rennes, professeur de gériatrie à la faculté de médecine de Rennes et cosignataire de l’enquête, les programmes de formation ainsi que l’information aux patients et aux familles sont insuffisamment mis en œuvre au sein des établissements. « Il est illusoire de dire qu’il y a une politique institutionnelle s’il n’y a pas de programme de formation, pointe-t-il du doigt. Car mettre une politique en place ne transforme pas les pratiques. »
Et justement, les pratiques doivent évoluer. À titre d’exemple, il regrette que la prescription de la contention ne soit pas systématique. « Certaines contentions débutent sans avoir été prescrites et le sont uniquement par la suite. Ce n’est pas possible. Il faut faire prendre conscience aux soignants que cette mesure de soins comporte des bénéfices mais aussi des risques, notamment davantage d’infections nosocomiales et de mortalité. La contention nécessite donc une prescription.»
Ce changement culturel participe de l’amélioration de la qualité des soins, qui passe également par l’information des patients et des familles. « Mais les professionnels ne les informeront pas des raisons de la contention s’ils n’ont pas d’abord été formés, ajoute Dominique Somme. C’est un cercle vicieux. Plus les professionnels seront formés, plus ils auront des attitudes adaptées. »
Laure Martin
1- Enquête réalisée par mailing entre juin et septembre, à laquelle 107 structures ont répondu, ce qui correspond à 3829 lits. Les répondants sont à 30 % des établissements de MCO-CSG, à 28 % des Ehpad, à 18 % des SSR, à 17 % des SLD, à 10 % des UCC ou des UHR, à 3 % des équipes mobiles gériatriques, et à 1 % des unités de vie de psycho-gériatrie (UVP).
A lire dans « L'Infirmière magazine », n° 398Réservé aux abonnés |