13/01/2020

« Le vieillissement est une chance de réorganiser nos territoires »

Audrey Dufeu-Schubert, députée LREM de Loire-Atlantique, est une ancienne infirmière. En décembre, elle a remis à Agnès Buzyn un rapport intitulé « Réussir la transition démographique et lutter contre l’âgisme ». Entretien.

Espace infirmier : Regrettez-vous que le projet de loi sur le grand âge attendu fin 2019 ait été repoussé à l’été ? 

Audrey Dufeu Schubert : Non, c’est une très bonne chose d’avoir pris le temps. Agnès Buzyn a organisé une concertation sur le grand âge qui a donné lieu à un rapport sur le financement de la perte d’autonomie et la restructuration du domicile et des Ehpad. Mon rapport sur l’âgisme contient 86 propositions dont j’espère qu’une grande partie sera justement reprise dans le projet de loi. La ministre s’est montré très intéressée par mon travail. 

Parmi les 86 mesures que vous proposez, quelles sont celles qui vous tiennent le plus à cœur ?

C’est vraiment la notion de transition démographique – c’est-à-dire une modification massive de la pyramide des âges(1) – qui me semble importante à partager. Si on la met au même niveau que la transition écologique et la transition numérique, on pourra en faire une priorité de nos politiques publiques. On arrêtera alors de considérer le vieillissement de manière stigmatisante et l’apprécier comme une chance de réorganiser nos territoires. Pour cela, il va falloir sortir la question de l’approche purement sanitaire et médicosociale, repenser l’approche domiciliaire comme l’hôpital, travailler de manière interministérielle et donner toute leur place aux politiques locales.

Avez-vous abordé ce sujet avec votre expérience d’infirmière ?

Justement non, mon idée était d’avoir une approche citoyenne de l’appropriation du vieillissement. J’ai exercé la profession d’infirmière, mais je pense qu’en tant que députée, il est important d’apprendre à déconstruire son approche professionnelle pour avoir un regard neuf sur les sujets. Cela m’a notamment aidée à comprendre que la question du vieillissement n’est pas uniquement une question sanitaire et qu’elle ne doit pas porter uniquement sur les épaules des professionnels de santé.

Vous proposez aussi que les infirmières des SSIAD et des SAAD puissent disposer de véhicules électriques. C’est une proposition surprenante dans un rapport sur ce thème. Pourquoi l’avez-vous avancée ? 

Les frais kilométriques sont une dépense lourde pour les Idel et encore davantage pour les auxiliaires de vie. Or, nous allons avoir grand besoin de ces soignants dans les prochaines années pour soutenir les personnes au domicile. Le déploiement, soutenu par l’État, d’un pool de véhicules électriques aiderait à relier deux des principales transitions à venir : la transition démographique et la transition écologique.

1- Baby-boom et allongement de l'espérance de vie.

Propos recueillis par Véronique Hunsinger

Retrouvez l’intégralité de l’interview dans L’infirmière libérale magazine de février 2020.

À découvrir

Toutes nos formations pour les professionnels de santé.

- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap


Télécharger le catalogue
Feuilleter le catalogue