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Alors que le bilan des personnes touchées s’alourdit, le nouveau coronavirus originaire de Chine reste encore bien mystérieux. On sait néanmoins que la transmission interhumains est avérée. De quoi donner l’alerte.
Dix-sept morts et plus de 440 patients contaminés, un premier cas aux États-Unis, le bilan des personnes touchées par le nouveau coronavirus (2019-nCoV) s’est alourdi depuis les données publiées le 21 janvier par les autorités sanitaires de la Chine. Ce dernier rapportait 300 cas, six décès, quatre cas confirmés à l’étranger (deux en Thaïlande, un au Japon et un en Corée du Sud) de personnes venant de Wuhan, la ville chinoise où l’épidémie s’est déclarée le 31 décembre 2019.
Si l’épidémie est vraisemblablement liée à la fréquentation d’un marché de fruits de mer, le mode de transmission du virus et les facteurs de risque associés sont encore inconnus. La transmission interhumaine est cependant aujourd’hui avérée sans qu’on puisse en établir les modalités.
« A l’heure actuelle, le risque d’introduction en France de cas liés à cet épisode est considéré comme faible », indiquait l’agence Santé publique France sur son site le 17 janvier. Mais « il ne peut cependant pas être exclu, d’autant qu’il existe des lignes aériennes directes entre la France et la ville de Wuhan », a fait remarquer la Direction générale de la santé.
L’approche des fêtes du Nouvel an chinois fin janvier, source de multiples déplacements en Chine et hors de Chine, augmente cependant la possibilité de cas importés en Europe. Et la crainte d’une propagation mondiale grandit. L’OMS a annoncé une réunion d’urgence ce mercredi 22 janvier afin de déterminer s’il convient de déclarer « une urgence de santé publique de portée internationale », expression utilisée lors des cas les plus graves, comme la grippe porcine H1N1 en 2009, le virus Zika en 2016 ou encore la fièvre Ebola.
En France, Jérôme Salomon, directeur général de la santé (DGS), s’est montré rassurant mardi soir, lors d’un point presse. Il a affirmé que le système de santé français est bien préparé pour faire face à l’arrivée éventuelle de cas d’infections par le coronavirus 2019-nCoV. Aucune mesure de détection des passagers fiévreux n’est mise en place, conformément aux recommandations de l’OMS, a-t-il confirmé, leur performance étant jugée très relative (possibilités de faux négatifs et faux positifs).
Pour l'heure, l'ensemble du système de santé français est en « pré-alerte », ce qui consiste en une « réactivation d'un dispositif déjà mis en place, à l'occasion des épidémies d'autres coronavirus, le Sras et le Mers-Cov, ainsi qu'au début de la grippe H1N1 » ; un dispositif qui est donc « bien connu », a indiqué Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l'unité infections respiratoires et vaccination de Santé publique France, à cette même conférence de presse, selon APMnews. Il a rappelé qu’en présence d’une personne soupçonnée d’être contaminée, « la seule confirmation avec certitude est biologique », car les symptômes sont peu spécifiques, proches de ceux d'autres infections respiratoires. Les premiers malades atteints du nouveau coronavirus présentaient de la fièvre, avec parfois (mais pas toujours) des difficultés respiratoires. Un test moléculaire de diagnostic devrait bientôt être mis au point.
En attendant, dans les aéroports, des messages de précaution sont diffusés dans les avions venant ou se rendant en Chine, et des affiches sont placardées à l’aéroport. Dans le cadre du dispositif de surveillance renforcée, Santé publique France a publié une définition de cas. Ainsi, tout patient ayant, dans les quatorze jours avant l’apparition d’une infection respiratoire aiguë, séjourné à Wuhan, été en contact avec un cas confirmé ou séjourné dans un hôpital où un cas a été confirmé, peut être suspecté d’infection par le 2019-nCov. Il doit alors être pris en charge par l’un des établissements habilités à accueillir les cas de MERS, en appelant le SAMU-Centre 15 rapidement, « avant toute consultation chez un médecin généraliste ou dans un service d’urgence » précise le ministère des Affaires étrangères.
Les coronavirus (CoV) constituent une grande famille de virus généralement responsables d’infections respiratoires et de syndromes grippaux bénins mais ils peuvent provoquer des formes graves, surtout chez des sujets fragiles. Les épidémies causées par le SRAS-CoV (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2002/2003 ou, plus récemment par le MERS-CoV (syndrome respiratoire du Moyen-Orient) en 2012, avaient ainsi entraîné plusieurs centaines de décès.
Avec le Moniteur des pharmacies et APMnews
Aller plus loin :
> Définition de cas et conduite à tenir, sur le site de Santé publique France