© D. R.
Si travailler la nuit demeure une activité inhabituelle pour le corps, de bonnes pratiques permettent de limiter les dégâts. Le point avec François Ricordeau, neurologue, assistant spécialiste du sommeil au centre du sommeil de Croix-Rousse, à Lyon.
Travailler la nuit est éprouvant pour le corps. « Quand il y a un travail de nuit, c’est anti-physiologique, car on est censé être couché et dormir la nuit », explique le Dr François Ricordeau, neurologue, assistant spécialiste du sommeil au centre du sommeil de Croix-Rousse à Lyon. Ainsi, passer du travail de nuit au travail de jour est moins sollicitant pour le corps que l’inverse. « Dans ce sens-là, cela pose moins de problèmes pour s’adapter », assure-t-il.
En effet, il existe deux régulations du sommeil. En premier lieu, la régulation homéostatique. « Au fur et à mesure de l’éveil, il y a accumulation de substances hypnogènes dans le corps, notamment l’adénosine, reprend le neurologue. Le café est par exemple un anti-adénosine, qui réveille ! »
La deuxième régulation est la circadienne, qui permet l’alternance veille/sommeil grâce à l’horloge biologique située dans le noyau suprachiasmatique, au niveau de l’hypothalamus. Cette horloge présente une activité rythmique endogène proche de vingt-quatre heures et permet l’adaptation de nombreux rythmes biologiques. Elle va être synchronisée sur les vingt-quatre heures grâce à différents facteurs, dont le principal est la lumière. En cas de changements de rythme de travail, « l’idée, pour favoriser l’adaptation va être de “recaler’’ son horloge circadienne le plus vite possible, pour aider son corps à reprendre ce rythme jour/nuit, poursuit le Dr François Ricordeau. Pendant la transition, réussir à s’endormir la nuit va aussi dépendre du rythme circadien de chaque personne. »
Pour avoir son “horloge à l’heure”, on peut agir sur des “synchroniseurs” de notre horloge. Le principal est l’exposition à la lumière le matin, mais aussi d’autres facteurs (repas plus importants le matin et plus légers le soir, les contacts sociaux, l’activité physique). Tout cela peut permettre le passage serein d’un travail de nuit à un travail de jour.
Anne-Gaëlle Moulun
A lire dans « L'Infirmière magazine », n° 412 |