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L’Académie nationale de médecine a dévoilé, mardi 4 février, un sondage sur les attentes des Français vis-à-vis de la médecine. Les résultats montrent une certaine désillusion vis-à-vis du système de soins, mais aussi un véritable attachement aux professionnels de santé.
La grande salle des séances de l’Académie de médecine était pleine mardi après-midi pour la présentation des résultats du sondage que la vénérable institution avait commandé à l’occasion de la célébration de son bicentenaire. Réunis en séance spéciale, les académiciens étaient venus écouter le verdict rendu par les Français sur leur système de santé. Et à bien des égards, la sentence peut être considérée comme sévère.
Le sondage a été effectué en ligne à l’automne dernier auprès de 1530 personnes par l’institut OpinionWay, en collaboration avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Il révèle notamment que si les Français sont 80 % à considérer que notre système reste « un des meilleurs du monde », ils estiment que la situation se dégrade : 61 % déplorent un système de soins « moins performant que par le passé ».
Sans surprise, la question de l’accès aux soins revient avec insistance dans le sondage : seulement 64 % des sondés considèrent qu’il est « facile d’accéder aux soins en France, quel que soit son revenu ». Et ils ne sont que 41 % à juger l’accès facile « quel que soit son lieu de résidence ». Autre fait saillant : l’enquête met en avant une attente d’humanité de la part des sondés. La prise en compte du bien-être du patient et la relation humaine entre soignant et soigné sont considérées comme dégradées par respectivement 35 et 38 % des personnes interrogées.
Reste que ces résultats doivent être interprétés en tenant compte de l’origine sociale des répondants. « Il y a une pluralité de regards, articulés à des segmentations sociologiques assez fortes », commente Bruno Cautrès, chargé de recherches CNRS au Cevipof, qui a travaillé sur l’enquête. « Les Français les mieux dotés en capacités économiques, en compétences culturelles, en niveau de diplôme, ont tendance à être plus optimistes. »
Malgré ce tableau plutôt sombre, les répondants plébiscitent les professionnels de santé. Les plus appréciés sont ceux que l’institut OpinionWay a choisi d’appeler « les personnels soignants » (infirmières, sages-femmes, aides-soignantes…) : 95 % des sondés disent en avoir une « très bonne » ou une « assez bonne » image. Viennent ensuite les chercheurs (93 %), ceux que le sondage qualifie de « paramédicaux » (podologues, kinés… : 93 % également), les médecins généralistes (92 %), les médecins spécialistes (91 %).
Les sondés se montrent par ailleurs conscients des difficultés que les blouses blanches rencontrent au quotidien. Ainsi, s’ils estiment à 84 % que les pharmaciens sont « tout à fait » ou « plutôt » reconnus à leur juste valeur, ce chiffre tombe à 31 % pour les infirmières, et à 25 % pour les aides-soignantes. Un argument de plus dans la besace de ceux qui réclament à grands cris une revalorisation des carrières paramédicales.
Adrien Renaud