© D. R.
Cette mesure s'inscrit dans une série d'annonces faites par le ministère de la Santé pour répondre au manque d'attrait du métier d'aide-soignante, mais qui sont loin de faire l'unanimité dans la profession.
A l'occasion d'un déplacement à l'Ifas de Nanterre le 13 février, Agnès Buzyn, alors encore ministre de la Santé, a annoncé plusieurs mesures pour « renforcer l'attractivité du métier d'aide-soignant et témoigner à ceux qui l'exercent de notre gratitude collective », inspirées d'un rapport remis par Myriam El Khomri en décembre 2019. L'annonce-phare est la suppression, dès septembre 2020, du concours d'entrée aux Ifas, qui « ne permet pas de valoriser de façon satisfaisante certaines compétences humaines absolument essentielles ». Il sera remplacé par l'examen d'un dossier et un entretien oral. Les candidatures au concours ont en effet baissé de 25 % entre 2012 et 2017 et le ministère espère ainsi ouvrir la formation à d'autres profils.
Des travaux sont encore en cours pour détailler les missions des aides-soignantes, qui feront l'objet de la publication d'un référentiel de compétences en avril. En découlera un référentiel de formation, qui déterminera de quoi seront faits les modules d'enseignement dès septembre 2020. Ils intègreraient des contenus sur le repérage des fragilités, sur la démarche qualité et de nouveaux actes réalisables par les aides-soignantes. La formation initiale s'étalera désormais sur douze mois au lieu de dix, « avec une répartition égale entre la formation pratique et théorique ».
Les AS qui travaillent auprès de personnes âgées pourront suivre une formation collective « accompagnement du grand âge » certifiante de trois semaines, centrée sur les spécificités de cet exercice, qui pourra être complétée par un module facultatif sur les troubles cognitifs les plus lourds. Qu'elles aient ou non suivi cette formation, toutes celles qui exercent en Ehpad, USLD, SSR ou en médecine gériatrique vont bénéficier d'une prime mensuelle de 100 euros nets.
Enfin, pour lutter « contre la pénibilité et contre la sinistralité » du métier, un fonds national de 40 millions d'euros est débloqué pour financer des actions concrètes de prévention dans les établissements publics. Il sera possible, pour les deux dernières années de la carrière, d'exercer à mi-temps, rémunéré à 75 %. « Je rappelle mon engagement pour la création d’un grade de débouché en catégorie B pour les aides-soignants en fin de carrière », a encore souligné Agnès Buzyn.
Pour les professionnels, le compte n'y est pas. « Ces mesurettes ne répondent pas au problème de l'attractivité du métier, déplore Thérèse Palla, présidente de l'Union française des aides-soignantes (Ufas). Il faut améliorer les conditions de travail, augmenter vraiment les salaires, donner aux professionnels les moyens de faire correctement leur métier. »
Les infirmières, de leur côté, craignent que le futur référentiel de compétences n'empiète sur leur rôle propre. « Derrière un acte, il y a un patient qui a besoin d’un professionnel hautement qualifié. Le nivellement par le bas, dans la santé comme ailleurs, n’est pas une ligne politique tenable », s'inquiète le syndicat Convergence infirmière dans un communiqué, qui craint que la suppression du concours ne fasse baisser le niveau de compétences des AS. « Les IDE défendent leur pré carré, alors même que les aides-soignantes effectuent régulièrement, en toute illégalité, des actes qui relèvent du rôle infirmier », se défend Thérèse Palla, qui préconise l'intégration du métier d'aide-soignante dans une profession infirmière à plusieurs niveaux de compétences.
Lisette Gries