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Le 14 mars dernier, la grille indiciaire des infirmières en pratique avancée dans la fonction publique hospitalière était publiée au Journal officiel. A l’échelon 1, le salaire net de l’IPA serait de 2085 € bruts. Le décret entrera en vigueur le 1er avril.
L’Union nationale des infirmières en pratique avancée (Unipa) a été la première à réagir le lundi suivant : « Cette grille indiciaire fixe un niveau de rémunération bien en-deçà des attentes légitimes des IPA. » L’Unipa se dit également « choquée » par la temporalité de l’annonce « en pleine crise sanitaire », juste après les premières annonces d'Emmanuel Macron concernant le besoin de soutenir le service public en pleine crise du coronavirus.
Julie Devictor, secrétaire adjointe de l’Unipa et elle-même IPA, regrette la temporalité choisie pour une seconde raison : « Les premières IPA travaillent depuis juillet 2019 sans que rien n’ait été anticipé pour leur rémunération et leur statut. Le ministère de la Santé et la DGOS nous ont consultées à plusieurs reprises et on nous ont dit que nous avions été entendues. On ne peut pas rester sans rien dire. Ce serait accepter une situation qui me fait penser au 49.3. »
Maxime Mathy, infirmier en néphrologie et étudiant en M1 à l’université de Reims en pratique avancée, affiche une grande déception. Il est également investi dans le collectif néphrologie de l’Association nationale française des infirmières en pratique avancée (Anfipa). « Nous sommes sur un échelon similaire aux cadres infirmiers et aux infirmiers anesthésistes alors que nous ne sommes plus sous la délégation médicale et avons le droit de prescription. » Cette responsabilité légale est importante et doit être valorisée davantage selon le soignant, qui aurait préféré une rémunération plus proche de celle des sages-femmes ayant également le droit de prescription et une grande autonomie. « On aurait peut-être pu se calquer sur elles ou trouver un entre-deux entre le cadre infirmier et la sage-femmes. »
Pour les organisations représentatives des infirmières en pratique avancée, la déception est donc grande. Si le moment n’est pas à la mobilisation contre ce décret, l’Unipa promet des actions. « On s’arrêtera de travailler à ce tarif-là », indique Julie Devictor. Selon elle, cela n’augure rien de bon : « Les universités qui dispensent la formation de pratique avancée vont être désertées. Quelle infirmière acceptera deux années de sacrifice pour gagner 50 € de plus ? Un statut ne paye pas le loyer et ne remplira jamais un frigo », conclut-elle.
Sandrine Lana