© D. R.
Depuis le 13 mars, l’ensemble des instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) ne dispensent plus d’enseignements théoriques. Qu’advient-il des étudiants en soins infirmiers ? Ils sont plus que jamais mobilisés.
« Les étudiants en soins infirmiers (ESI) sont très investis et partie prenante pour participer à l’effort collectif pendant cette crise sanitaire », constate Martine Sommelette, présidente du Comité d'entente des formations infirmières et cadres (Cefiec). C’est une note d’instruction interministérielle (ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur), publiée le 20 mars, qui précise les différentes implications possibles des étudiants en santé dans le cadre de cette crise sanitaire. Quatre modalités ont été définies.
Tout d’abord, les étudiants actuellement en stage peuvent le rester à condition qu’ils ne soient pas en danger. De même qu’un étudiant qui n’est pas en stage, mais qui souhaite aider, peut demander à en effectuer un, qui devrait être validé a posteriori. « Dans ces deux cas, il faut un certain maintien des conditions d’encadrement, souligne Félix Ledoux, président de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Il faut aussi veiller à ce que les établissements n’en profitent pas pour que les ESI deviennent de la main-d’œuvre pas chère et n’en tirent aucune pertinence pédagogique. » Un point de vue partagé par Martine Sommelette : « Pour l’organisation des stages, nous avons travaillé avec les établissements ayant besoin de renfort. Certes, nous ne pouvons pas être dans une gestion habituelle des stages, néanmoins, en aucun cas les ESI doivent être “utilisés” comme du personnel infirmier. »
La note d’instruction évoque par ailleurs la possibilité pour les établissements de proposer aux étudiants en santé des vacations en tant qu’aide-soignant, agent des services hospitaliers (ASH) ou brancardier, sous contrat avec rémunération. Enfin, les ESI peuvent être réquisitionnés, sur demande du directeur de l’établissement. « Sur ce point, nous sommes dans l’attente d’un cadre réglementaire, alerte le président de la Fnesi. Car aujourd’hui, le code de la santé publique ne prévoit la réquisition que pour les employés donc dans notre cas, pour les seuls élèves de la promotion professionnelle. Or, d’autres ESI le sont et n’ont pas d’autre choix que d’accepter. Pourtant, actuellement, ils ne sont pas couverts professionnellement. »
Dans le cadre de cette crise sanitaire, « nous veillons à ce que les ESI appliquent bien les règles d’hygiène afin qu’ils ne se mettent pas en danger, assure Martine Sommelette. Aujourd’hui, ils prennent la mesure de ce qu’on leur enseigne sur la contamination et l’importance de l’hygiène. Nous veillons aussi à ce qu’ils disposent des mêmes protections que le personnel. » Et de conclure : « Je pense que cette crise sanitaire va les marquer pour l’ensemble de leur carrière. Ils vivent un moment exceptionnel et très formateur. Bien sûr, c’est dangereux physiquement et psychiquement. Mais ils se destinent à un métier de soins et si certains vont réaliser qu’ils ne sont pas faits pour l’exercer, pour beaucoup, cela va renforcer leur motivation. »
Laure Martin
TémoignageRomain Brun, ESI, a posté sur son compte Facebook ce témoignage que nous relayons ici (extrait) : Je suis un étudiant infirmier qui aide dans un service de Covid. Il y a une semaine, j’ai reçu un appel de la directrice de mon Ifsi me proposant d’effectuer la fin de mon stage en Covid positif. J’ai accepté sans hésitation car aider est notre vocation. Il ne se passe pas un jour où j’ai peur, peur d’être contaminé ou de contaminer mes proches. Ce que je vois dans ce service c’est l’horreur de la maladie qui atteint tous les âges, et le nombre qui grandit chaque jour… |