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Les infirmières en Ehpad peuvent avoir un rôle fondamental dans la prescription d’antibiotiques chez les résidents atteints d’infection urinaire. C’est ce que cherche à démontrer une étude de la chaire de recherche en sciences infirmières de l’université Paris-XIII.
En Ehpad, il relève du rôle de l’infirmière d’alerter les médecins de ville en cas de suspicion d’infection urinaire chez les résidents. « Lorsqu’elle soupçonne une infection et en informe le médecin, ce dernier peut aussi la pressentir, souligne Monique Rothan-Tondeur, titulaire de la chaire de recherche en sciences infirmières de Paris-XIII. L’infirmière joue alors un rôle dans la prescription d’antibiotiques, et donc dans les stratégies de réduction de leur consommation et de lutte contre l’antibiorésistance. »
Dans le cadre des différentes études menées par la chaire de recherche, un aspect déterminant est pointé du doigt : celui de la communication entre les IDE et les médecins. « Je travaille sur un nouveau modèle de communication cybernétique afin d’améliorer la communication entre l’infirmière et le médecin au cours de la prescription », explique Taghrid Chaaban El Hajj, infirmière, cheffe du département de sciences infirmières à l’Université islamique du Liban et doctorante au sein de la chaire de recherche en sciences infirmières de Paris-XIII. Et de poursuivre : « Pour être interactive et optimale, cette communication doit reposer sur les connaissances théoriques et le jugement clinique de l’infirmière mais aussi sur les compétences du médecin dans le diagnostic et la décision de traitement. » En pratique, pour le moment, la réalité est tout autre car « l’assertivité infirmière » peut constituer un frein à cette communication collaborative et donc à la bonne prescription.
« Dans le cadre de nos études, nous constatons que cette posture infirmière est en train de changer, mais pas aussi vite que nous le souhaiterions notamment parce que les infirmières ne se l’autorisent pas », explique le Dr Mathieu Ahouah, également doctorant au sein de la chaire de recherche.
Pour pallier cette situation, l’instauration de protocoles en Ehpad peut être une bonne option. Tout comme la formation des infirmières. Actuellement, 23 Ehpad participent à l’étude de la chaire de santé, soit une quarantaine d’infirmières titulaires. Les infirmières de dix de ces 23 Ehpad vont bénéficier d’un accompagnement à la formation avec la mise à disposition d’un site internet dédié, doté d’une plateforme de e-learning, un accès à des quiz, à des posters. Avec cette étude, « nous allons comparer la différence de posture entre les infirmières qui ont eu accès à la formation et les autres ainsi qu’interroger les médecins traitants, qui ne sont pas informés de cette formation, pour savoir s’ils constatent des changements dans la communication des infirmières », indique le Dr Ahouah. Le critère de jugement sera la quantité d’antibiotiques prescrits pour les infections urinaires. L’étude devrait s’achever en fin d’année avec des résultats début 2021.
Laure Martin