10/04/2020

Handicap : des ressources mutualisées pour faire face au Covid-19

En Ille-et-Vilaine, un réseau fédérant des structures accompagnant les personnes en situation de handicap dans le département a initié, dès le début de la crise, une plateforme permettant de faire face aux besoins exceptionnels créés par l'épidémie de Covid-19.

Alors que les structures éducatives accueillant enfant et jeunes adultes handicapés fermaient pour cause de confinement, les besoins en hébergement et en accueil temporaire se sont accrus considérablement. « Nous nous trouvons face à une augmentation de notre activité, alors que nous sommes en sous-effectifs », résume Delphine Godest, directrice générale de l'association Alaph (Association pour l'hébergement et l'accompagnement des personnes handicapées). L'existence, depuis 2012, d'un réseau d'échange et de réflexion, le Groupe de recherches et d'action des associations locales (Graal), a permis une réaction collective rapide face à cette situation inédite, via la mutualisation de ressources.

Recensement des places en temps réel

Un outil de travail, élaboré avec des solutions techniques très simples, a été rapidement mis en place par les adhérents du Graal. Un fichier Excel, quotidiennement mis à jour, offre une vision globale de l'organisation des établissements et services médico-sociaux handicap (ESMS) adhérents du réseau. Cet outil, approuvé par l'ARS, a ensuite été ouvert à l'ensemble des structures d'accompagnement du handicap du département. La plupart d'entre elles ont intégré le dispositif.

Le dispositif « Ressources PH 35 » offre un recensement en temps réel des places d'accueil temporaire disponibles dans le département. Avec le retour à temps complet des enfants dans leur famille, ou les angoisses générées par le confinement à domicile, certaines personnes en situation de handicap peuvent se trouver en risque de fragilité ou de maltraitance. D'où l'importance du repérage des situations précaires, grâce à un suivi téléphonique quotidien de la part des associations et la collaboration du réseau avec le travail à domicile.

Avec la crise sanitaire, des situations inédites peuvent également apparaître, accentuant les besoins. «Dans nos foyers, nous arrêtons notre activité programmée d'accueil temporaire pour ouvrir des places pour des accueils d'urgence, explique Delphine Godest. Par exemple, la semaine dernière, nous avons accueilli une jeune qui n’avait plus de famille d'accueil un vendredi soir. Les personnes qui l’accueillaient, elles-mêmes un peu âgées et un peu angoissées par la situation, ont pris peur. »

Mise à disposition de personnel

La plateforme permet également de repérer les professionnels mobilisables dans le secteur médico-social. Le réseau a élaboré une convention de partenariat permettant aux structures de mettre leur personnel en chômage partiel à disposition des établissements en sur-activité. Les salariés volontaires pour travailler dans une autre structure sont rémunérés par leur employeur habituel. « Ce matin, dans un de mes foyers, explique Delphine Godest, j'ai eu un arrêt de travail d'un agent d'entretien, assurant le ménage des locaux et la distribution des repas. Un Esat (établissement et service d'aide par le travail), a mis cet après-midi à ma disposition un moniteur d'atelier. Ce n'est pas sa compétence habituelle, mais il connaît le monde du handicap, ce qui lui permettra de s'adapter. »

Mise en commun de matériel

Le dispositif « Ressources PH35 » permet également de partager du matériel. Les structures sociales et médicosociales n'étant pas prioritaires pour l'attribution de masques, ceux-ci sont mis en commun pour être employés dans les cas indispensables : contact avec une personne contaminée ou suspectée de l'être. Des achats groupés de gel hydro-alcoolique ont également pu être effectués.

Enfin, le Graal a mis en place une cellule d'écoute téléphonique. Pilotée par un psychologue directeur d'établissement, elle fonctionne grâce au bénévolat de professionnels se mettant à disposition deux heures par jour. « Des salariés prennent des risques quotidiennement pour que des personnes en situation de handicap continuent à vivre normalement en établissement ou à domicile, précise la directrice générale de l'Alaph. Ils ont des craintes, pour eux ou pour leurs proches. C'est important de pouvoir les formuler. » Cette belle expérience solidaire a désormais la reconnaissance de l’ARS qui, avant la crise sanitaire, n’avait pas saisi la portée du travail de lien réalisé à travers le Graal.

Marie-Capucine Diss

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