© Laurent Suzan
Depuis le 6 avril, le centre de loisirs de La Farandole à La Penne-sur-Huveaune (Bouches-du-Rhône) abrite un pôle médical et paramédical avancé (PMPA) accueillant des patients susceptibles de présenter des symptômes Covid-19. Une initiative portée par plus de 20 Idel aux côtés d’autres soignants libéraux, des pharmacies, des labos et des hôpitaux.
« L’objectif de cette initiative est de détourner les patients suspects Covid-19 des cabinets de ville afin d’éviter toute forme de contagion nouvelle et de permettre de continuer à suivre les patients chroniques, souligne Laurent Suzan, coordinateur général et paramédical du projet, et Idel à La Penne-sur-Huveaune depuis trente ans. Nous avons planché plus de trois semaines afin que le lieu soit opérationnel. Il fallait vraiment que les personnes qui viennent travailler, professionnels de santé ou non, se sentent en sécurité et dans un environnement confortable. D’ailleurs, dans chaque salle de consultation, un extracteur d’air fonctionne en permanence afin de limiter la charge virale éventuelle. »
Ce sont en effet une dizaine de médecins dont Frédéric Szabo de Edelenyi, médecin urgentiste et responsable du projet, plus de vingt infirmières libérales, une psychologue, quatre kinésithérapeutes libéraux, cinq pharmacies, deux laboratoires et deux hôpitaux (le CH Edmond-Garcin et l’hôpital privé La Casamance, situés à Aubagne) qui sont impliqués. À ce jour, ils travaillent tous bénévolement, motivés et portés par une dynamique collective. Les professionnels se retrouvent sur place (une demi-journée à une journée) en fonction des plannings établis pour la semaine. Le PMPA accueille le public de 9h à 13h30 du lundi au vendredi, et la permanence téléphonique(1) fonctionne de 9h à 18h. Le projet, soutenu par Christine Capdeville, la maire de la Penne-sur-Huveaune, a bénéficié de la mise à disposition des locaux du centre aéré La Farandole.
« Le site s’étend sur 500 m² et nous avons réaménagé une pièce de 300 m² avec une marche en avant et trois zones différenciées selon l’état du patient, explique Laurent Suzan. Nous avons créé un parcours comme un bloc opératoire avec le matériel nécessaire, des charlottes, des combinaisons intégrales, des lunettes, des masques, du gel hydro-alcoolique bien sûr. » Marie-Thérèse Gomis, Idel à Marseille, diplômée d’un DU en hygiène hospitalière et en première année de master d’infirmière de pratique avancée, a préparé les recommandations de gestion du risque infectieux. « J’ai écrit les procédures en les adaptant à chaque poste de travail, soit 27 au total, précise-t-elle. Le temps d’hygiène est long après le passage de chaque patient. Il faut nettoyer tout le mobilier : tensiomètre, saturomètre, table d’examen, poignée de porte, stylo... J’ai aussi formé les agents des services de la mairie pour le nettoyage des sols et les sanitaires avec un produit virucide adapté. »
« Dès qu’une personne appelle, je remplis une fiche avec les symptômes qu’elle signale et je lui donne un rendez-vous, en général le jour même où le lendemain, précise Marie-Laure Tatoni, Idel impliquée dès le démarrage du projet. On ne peut pas se permettre d’avoir un doute, alors parfois une personne vient juste pour être rassurée. Quand elle arrive au pôle, elle est accueillie par une Idel, un kiné ou une préparatrice en pharmacie, qui lui donne un nouveau masque, des sur-chaussures et du gel. Ensuite, on remplit le dossier administratif. Puis on lui prend les constantes : température, saturation, tension, pulsations. En fonction du degré d’urgence, elle est prise en charge par un médecin. Puis le parcours est organisé en trois zones dans le cadre d’une marche en avant. La zone 1 est dédiée au patient peu symptomatique, la zone 2 au patient nécessitant un examen clinique approfondi et la zone 3 au patient instable nécessitant un transfert en milieu hospitalier. » Les patients sont toujours rappelés, et si le médecin le juge nécessaire, ils sont inscrits dans une procédure de télé-suivi réalisée par des infirmières dédiées. Au PMPA, aucun médecin ne procède à des tests de dépistage et ne délivre de médicaments sur place.
La force de cette initiative réside dans un immense élan collectif. « Il y a eu dès le départ une énergie incroyable qui nous a permis d’avancer et de fonctionner, nous avions un besoin de soin, et nous avons été portés par un projet lié au soin », confie Marie-Laure Tatoni. De son côté, Marie-Thérèse Gomis, estime que c’est « un exemple réussi de coordination professionnelle sur le territoire qui a permis à chacun d’échanger et de sortir de son travail habituel très solitaire ».
Isabel Soubelet
1- Pôle médical et paramédical avancé, tél. 09 63 58 89 15.