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Le Premier ministre a ouvert lundi dernier le « Ségur de la santé ». Objectif : concrétiser la promesse présidentielle, faite au cœur de l’épidémie de coronavirus, d’un « plan massif » pour l’hôpital. Pour l’instant, du côté des infirmières, c’est le scepticisme qui domine.
Un « Ségur ». C’est, en référence à l’adresse du ministère de la Santé (dont l’entrée principale se situe pourtant avenue Duquesne), la réponse que le gouvernement entend donner à la mobilisation des soignants pendant la crise du coronavirus. Au menu, une grande concertation devant à la fois aboutir à des revalorisations salariales, à des investissements, ou encore à des modifications de la gouvernance des établissements. Le tout doit se terminer dès la mi-juillet, promettent les organisateurs. Mais pour l’instant, les organisations infirmières semblent trouver que les choses manquent de concret.
Il faut dire que les attentes sont importantes. « Nous demandons une augmentation de 300 euros nets par mois pour tous les hospitaliers », rappelle Céline Laville, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Dans un communiqué diffusé lundi, le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC) brandit le même chiffre, « pour tous les infirmiers salariés (public ou privé), quel que soit leur grade ou leur ancienneté », selon les mots de son porte-parole, Thierry Amouroux. Mais il n’y a pas que l’argent. « Au-delà de la question des rémunérations, il y a celles des conditions de travail et des effectifs », rappelle Bruno Lamy, infirmier et secrétaire général adjoint de la CFDT « santé-sociaux ».
Ces revendications seront-elles entendues ? « On est dans le cadre de vraies négociations, ce qui est quelque chose qu’on n’a pas vu depuis très longtemps », se réjouit Bruno Lamy. Reste à savoir comment se dérouleront lesdites négociations. « Il y a dans le discours quelque chose qui laisse entendre une réelle envie d’écouter les remontées du terrain et les problématiques rencontrées par les paramédicaux, reconnaît Céline Laville. Mais dans les faits, nous sommes en colère, car dans les groupes de travail, les paramédicaux ne sont pas ou peu représentés. » D’autant plus qu’à la question de la méthode s’ajoute celle des moyens. « On démarre une négociation dont on ne connaît pas l'enveloppe, cela complique les choses », souligne ainsi Philippe Crépel, infirmier et membre de la direction nationale de la CGT « santé et action sociale » cité par l’agence APMNews.
Et pourtant, il faut faire vite, car l’impatience de la profession est grande. « Nous espérons qu’il y aura une annonce très rapide pour une mise en place des revalorisations dans l’été, indique Céline Laville. Il n’y a pas besoin d’attendre les résultats du Ségur pour cela. » Bruno Lamy, à la CFDT, confirme. « Je pense qu’il y a des choix qui peuvent être faits rapidement, notamment sur la rémunération, estime-t-il. En revanche, il y a des sujets comme l’organisation des soins pour lesquels tout ne sera probablement pas arrêté le 15 juillet. »
Et pourtant, il faudra avancer sur tous les fronts, et notamment sur le statut de l’infirmière. « Nous demandons une reconnaissance de la contribution réelle des infirmiers à l’offre de soins et appelons les pouvoirs publics à engager dans les plus brefs délais la révision des textes qui encadrent l’exercice de la profession », indiquait ainsi lundi soir l’Ordre national des infirmiers (ONI) dans un communiqué. Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a du pain sur la planche.
Adrien Renaud
Dessine-moi un « plan massif » pour l'hôpitalA lire dans « L'Infirmière magazine », n° 416Réservé aux abonnés |