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Vingt-six organisations infirmières signataires d’un appel déplorent la quasi-absence de représentants de la profession autour de la table du « Ségur de la santé » lancé par Édouard Philippe le 25 mai. Et elles comptent bien faire entendre leur voix malgré tout.
« Une mascarade » dont « les infirmières sont exclues ». C’est ainsi que le « Ségur de la santé », grande concertation organisée par le gouvernement pour tirer les enseignements de la crise du coronavirus et revaloriser les carrières des soignants, est considéré par les 26 organisations infirmières signataires d’un appel diffusé vendredi dernier. Un texte dans lequel elles disent vouloir « faire entendre leur indignation face à ce mépris intolérable » et exigent d’être intégrées « pleinement et sans délai aux négociations du Ségur », faute de quoi elles déclarent être prêtes à se mobiliser « pleinement et avec force ».
Il faut dire que la composition du « Comité Ségur national » et du « Groupe Ségur national “carrières et rémunérations” », les deux instances chargées de négocier les mesures gouvernementales qui doivent être annoncées mi-juillet, est assez éloquente. Les seules organisations infirmières que l’on y trouve sont l’Ordre national des infirmiers (ONI), qui y a été intégré tardivement, et la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).
Des infirmières sont bien sûr présentes dans les rangs des grandes centrales syndicales (CFDT, CGT, Sud-Santé…) ou du Collectif inter-hospitalier (CIH), qui, eux, siègent dans l’un ou l’autre des deux groupes, voire dans les deux. Mais la disparité avec le sort réservé aux organisations de médecins est criante : entre les syndicats de libéraux, les syndicats de praticiens hospitaliers, l’Ordre, les conférences des présidents de CME ou de doyens, plus d’une vingtaine d’organisations médicales en tout sont représentées dans le « Comité » ou le « Groupe » Ségur.
« Il y a 700 000 infirmières en France, et je ne pense pas que nier la profession de santé la plus nombreuse ait du sens », explique Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), signataire de l’appel. « Ce Ségur est très médico-centré, et nous trouvons que nous sommes loin d’y être représentés à la hauteur de ce que nous venons de vivre », ajoute Sylvie Ciron, membre du Conseil d’administration de l’Union nationale des Idel (Unidel), qui figure elle aussi parmi les 26 organisations à l’origine du texte.
Loin d’être désabusée, l’Idel nourrit de grands espoirs pour l’après-crise. « Nous voulons une refonte du système de santé, affirme-t-elle. On ne peut pas balayer d’un revers de main notre présence quotidienne auprès des patients, nous voulons être reconnues comme le praticien de premier recours par excellence. » Quoi qu’il en soit, les signataires entendent maintenir la pression. « Nous allons continuer à nous manifester, avec comme point d’orgue la journée de mobilisation du 16 juin », annonce Thierry Amouroux. Celui-ci dit espérer que le soutien de la population aux soignants, qui s’est exprimé pendant la crise, pourra de nouveau se manifester à cette occasion.
Adrien Renaud