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Le Covid-19 a eu un impact sur les stages et les cours suivis par les étudiants en soins infirmiers. Un arrêté ministériel propose un certain nombre d'aménagements pour ne pas trop pénaliser le cursus des ESI.
Comme le reste des écoles, les Ifsi ont fermé leurs portes quand le confinement a été instauré. Une partie des ESI a rejoint les rangs des soignants dans les hôpitaux, tandis que certains enseignements étaient organisés à distance. Un arrêté du 29 mai 2020, paru au Journal officiel le 3 juin, expose une série d'aménagements possibles pour les cursus en cours. Ces dispositions sont soumises à l'accord de l'ARS, et le cas échéant, de l'université avec laquelle l'Ifsi est conventionné, et peuvent s'appliquer « dès lors que la situation d'urgence sanitaire sur le territoire le justifie ».
Le texte prévoit ainsi des aménagements pour différentes unités d'enseignement. Le service sanitaire est considéré comme validé, quel que soit le niveau d'avancement des étudiants dans la mise en œuvre des actions prévues. Lorsque l'UE 4.3 « Soins d'urgence » n'a pas pu être validée avant le 16 mars 2020, elle est reprogrammée au semestre suivant. Si l'absence de validation de cette UE empêche un étudiant d'avoir le nombre de crédits suffisants pour passer en année supérieure, il peut tout de même y être admis, sous réserve de valider l'UE avant le 31 décembre 2020.
S'agissant de l'UE 4.4 « Thérapeutiques et contribution au diagnostic médical » du semestre 5, pour les étudiants de 3e année, l'enseignement devra être reprogrammé au semestre suivant. « L'unité d'enseignement 5.6 “Analyse de la qualité des soins et traitement des données scientifiques et professionnelles” du semestre 6 [peut être] évaluée et validée (...) en l'absence d'argumentation orale », précise aussi le document.
Les stages peuvent également être reprogrammés lors d'un autre semestre. Cependant, le texte mentionne que « les typologies de stages peuvent être adaptées au regard de la participation de l'étudiant à la gestion de la crise sanitaire liée à la lutte contre l'épidémie de Covid-19. » Ainsi, des périodes de vacation ou de réquisition peuvent être prises en compte pour la validation des stages. L'arrêté prévoit également que certains stages puissent être validés par la production de travaux écrits en lien avec les objectifs prévus, ou par des mises en situation simulées.
Enfin des aménagements sont prévus pour les étudiants qui sont parvenus à la fin de leur cursus et qui n'auraient pas pu valider toutes leurs UE. « Sont autorisés à se présenter devant le jury (…) les étudiants ayant validé les quatre premiers semestres de formation et au moins 28 crédits du semestre 5, et ayant réalisé l'UE 4.4 du semestre 5 (…) ainsi que la totalité des épreuves et des stages prévus pour la validation du semestre 6. » Lorsque l'attestation de formation aux gestes et soins d'urgence (AFGSU) de niveau 2 n'a pas pu être obtenue en raison du Covid-19, une attestation provisoire de réussite au diplôme d'Etat infirmier peut être délivrée à l'étudiant, qui aura ensuite jusqu'au 31 décembre 2020 pour valider l'AFGSU.
Les membres des jurys seront également autorisés à se réunir en nombre restreint et « par tout moyen de communication permettant leur identification et garantissant la confidentialité des débats ». L'arrêté prévoit aussi que des jurys supplémentaires puissent se réunir jusqu'en septembre 2020, pour permettre à des étudiants de finir leur formation.
Lisette Gries
En Alsace, l'Ifsi prend soin de ses ESI à distanceSi la formation a été aménagée pour ne pas pénaliser les étudiants, très investis sur le terrain pendant la crise du Covid-19, l'Ifsi de Saverne (67) est aussi très attentif à l'état psychologique des futurs professionnels. « Tout a été mis en place pour ne pas pénaliser les étudiants en fin de cursus », annonce Isabelle Bayle, directrice de l'Ifsi de Saverne (67). Comme dans les autres Ifsi alsaciens, les ESI de 3e année sont donc dispensés de soutenance orale pour leur mémoire. « Il nous semble essentiel de ne pas retarder leur entrée sur le marché de l'emploi, où ils sont d'ailleurs attendus », explique-t-elle. Pour les deux autres années, les cours se déroulent toujours à distance. Les groupes ont été scindés en deux pour que les participants aux sessions en visioconférence aient la possibilité de poser des questions. Les semaines d'investissement sur le terrain pendant la crise ont été prises en compte dans les stages, qui ont été validés selon des critères adaptés. « Il n'était pas possible de demander aux tuteurs de stage de remplir le portfolio, vu les conditions exceptionnelles. Nous avons demandé des retours plutôt axés sur le comportement des ESI, détaille la directrice. Le professionnalisme et l'engagement des étudiants a été largement salué par les infirmières encadrantes. » Contre-coup moralAu-delà des modalités pédagogiques, l'équipe de l'Ifsi de Saverne accorde une attention particulière au bien-être des étudiants. Pendant la crise, les stages ont été organisés de façon à accorder à chacun une semaine de vacances, pour leur permettre de souffler. « Ils subissent aujourd'hui le contre-coup moral de ces semaines intenses, où ils ont “grandi” d'un coup »,alerte Isabelle Bayle. Un formulaire en ligne a permis un premier recueil de données sur leur état d'esprit. Les enseignants sont aussi attentifs à repérer des signes d'anxiété ou de détresse lors de leurs échanges en visioconférence. « Nous avons appelé tous les étudiants et nous continuons ce contact avec ceux pour qui cela est nécessaire, ajoute-t-elle. Nous leur transmettons aussi le numéro de la psychologue de l'établissement, ainsi que ceux des différentes plateformes de soutien psychologique. » C'est chez les étudiants de 3e année que la directrice constate les plus fortes inquiétudes. Avant de se démarrer vraiment leur vie professionnelle, ils font donc l'objet d'une vigilance accrue de la part de leurs encadrants. LG |