24/06/2020

Coronavirus : la prime de la discorde

Le décret annonçant le versement de la prime exceptionnelle, paru le 14 mai 2020 après plusieurs semaines de spéculations, représente un casse-tête pour les établissements de zone II. Ils doivent arbitrer sur les soignants qui auront droit à une majoration. Exemples.

« Bienvenue » pour certains, « insuffisante » ou « hors de propos » pour d’autres, la prime exceptionnelle, annoncée par le président de la République fin mars et dont le décret relatif au versement est paru le 14 mai dernier, ne fait visiblement pas que des heureux parmi les personnels soignants engagés dans la lutte contre le Covid-19. Il faut pourtant y voir, si l’on en croit Jean-Paul Tasso, DRH du GH Sophia Antipolis – Vallée du Var, « un signe positif et une volonté de reconnaissance de l’État ».

Alors vraie ou fausse bonne nouvelle ? Pas si sûr ! C’est notamment l’article 8 du décret, dans lequel le gouvernement donne la possibilité aux chefs d’établissements de la zone II de majorer le montant de la prime de 500 € à 1500 €, qui pose problème. « C’est tout simplement injuste, se rebiffe Thierry Lamouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Le principe même de dire que tel soignant mérite 1500 €, et l’autre seulement 500 €, est totalement discriminatoire. Tous les soignants se sont engagés à 100 % sans compter. Cela signifie-t-il que des soignants sont plus méritants que d’autres ? »

Flou sur le montant

Au sein du GH Sophia-Antipolis-Vallée du Var, qui compte parmi les établissements de la zone la moins exposée au virus, la direction a finalement tranché, au terme d’une importante concertation interne avec les organisations syndicales. Résultat, seuls les soignants des services prévus pour accueillir des patients Covid, ceux du support médico-technique (imagerie, laboratoire), les équipes de prélèvement et la médecine du travail, auront droit à 1500 € fin juin.

« L’exercice consistant à distinguer 40 % de l’effectif est pour le moins délicat, confirme le DRH de l’établissement. Il aurait été préférable d’accorder cette majoration à l’ensemble du personnel hospitalier, compte tenu de leur engagement exceptionnel. » Majoration ou pas, Marion Goument, infirmière anesthésiste au CHU de Nantes (44), souhaiterait savoir à quoi s’en tenir : « Au début, on nous avait dit que nous n’aurions pas la prime parce que la vague a été plus petite dans notre région. Maintenant, il est question que tout le monde ait 500 euros. Bref, faute de communication de la direction, c’est le flou total sur le montant de cette prime. » Quelle que soit la décision de la direction, la jeune femme a toutefois peu d’espoir de toucher la somme maximale. « Je ne fais pas partie des professionnels ayant été en contact quotidien avec le Covid. Si j’ai pu prendre des risques avec des patients testés positifs au bloc opératoire, cela ne me choquerait pas de ne pas toucher 1500 € », raisonne-t-elle.

Grève générale

Reste que cette prime exceptionnelle, si elle n’a pas vocation à résoudre des questions structurelles plus profondes, n’a pas manqué de raviver un certain nombre de revendications de la part du personnel hospitalier. Des revendications qui concernent le manque de matériel, des postes supplémentaires, mais aussi, et surtout, une revalorisation salariale. « Nous ne demandons pas la charité, mais d’être payés conformément à notre engagement au quotidien », considère Thierry Lamouroux. De son côté, la direction du GH Sophia Antipolis-Vallée du Var, qui augure encore quelques mois difficiles avec la crise sanitaire, prévoit, outre le versement de la prime, d’offrir un accès plus rapide au statut de la fonction publique pour les contractuels des unités les plus exposées et une accélération de carrière pour les agents particulièrement engagés.

Eléonore de Vaumas

Les dernières réactions

  • 25/06/2020 à 18:18
    Willfur
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    Puisque on en est aux revendications, peut être serait il judicieux de souligner l'implication des personnels du privé. Parce qu'à en croire certains ils étaient en vacances durant ces derniers mois...
    Infirmier du privé, j'ai assuré mon temps plein en unitée covid non réa (qu'il a fallu créer de toutes pièces dans une clinique essentiellement chirurgicale) et j'assurai des vacations dans différentes réanimations parisiennes sur mon temps de repos.
    Rien d'heroique, c'est notre boulot.
    Nous étions des centaines du privé parisiens et provinciaux, intérimaires et vacataires.
    Pour ceux la pas de primes.
  • 25/06/2020 à 18:58
    Sylvie78
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    Je rebondi sur les mots de willfur dans notre clinique aussi nous avons pris en charge des patients Covid. Nous avons installé un service en 24h avec du personnel de bloc operatoire de SSPI et des services. Certains d entre eux en plus sont allés faire des vacations dans des services de réa sur leurs jours de congés car
    comme beaucoup d entre nous concerné par cette pandémie et que tous nos efforts mis bout à bout privé public ont permis de prendre en charge un maximum de patients. Ce que j en retire c est la solidarité de l equipe.
    Par contre pourquoi le personnel du privé ne perçoit pas de prime ? Sommes nous des infirmiers de catégorie inférieure ? Je pense que nous sommes en droit d attendre des explications des instances qui nous dirigent.



  • 25/06/2020 à 20:26
    Cathcouraillon
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    Une honte ..... se démener pour aller en renfort dans une rea covid sur Paris puis ensuite en EHPAD et ne rien avoir ... comme d'hab des effets d'annonce mais aucun respect ....
  • 25/06/2020 à 21:45
    Ricco
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    Bonjour
    Bien sûr les soignants qui ont participé activement à la prise en charge de patients covid méritent une prime qu’ils soient du public ou privé. Bien plus que certains administratifs en télétravail.
    Mais nous aurions tous dû refuser cette prime. Ce que nous demandons c’est une vrai revalorisation des carrières et reconnaissance de certaines compétences.ne nous laissons pas attendrir surtout quand la deuxième arrive.
  • 26/06/2020 à 07:08
    Aline
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    Ce gouvernement comme les précédents se fout de nous mais notre responsabilité est engagée car aucun président ni gouvernement ni élus ne sont parvenus au postes de responsabilité qu’ils occupent par un coup d’etat Armé et avec violence, quand on accepte docilement l’offre politique qui nous est imposée et que l’on vote à 60% pour ces gens là, le premier coupable c’est celui qui accepte et qui vote , si en plus il refait l’erreur tous les 5 ans alors c’est plus qu’un imbecile !!
  • 26/06/2020 à 08:17
    Manu84
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    J'ai une solution! Elle est simple et chacun peu la mettre en oeuvre.
    Cette solution est celle ci : changez de boulot !

    Personnelement je l'ai mise en pratique et quel bonheur! Quel bonheur d'avoir des horaires normaux, de ne pas travailler le we, de ne pas avoir a dire non a mon cadre lorsqu'il m'appel sur mes congés pour des rempla, de ne pas avoir a faire des gache pour boucler mes fin de moi, ne pas être pris systématiquement pour un con par l'administration! encore une fois que du bonheur !
    Seul les patients me manque..mais je ne suis plus mazochiste
  • 05/08/2020 à 20:49
    Cm
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    Merci et merci encore pour votre reconnaissance j ai comme pas mal de mes collègues travaille plein pot pendant la crise en appliquant les protocoles en cours .je suis intérimaire et j ai l impression d avoir été flouée je me sent comme volée et non reconnue .je suis en colère pour moi et tous les intérimaires pour nous avoir refuser ce droit à la prime .puis je espérer un miracle venez faire un tour en ephad et voyez nos conditions de travail .

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