30/06/2020

À Nantes, les soignants toujours au rendez-vous

À quelques jours de la clôture du « Ségur de la santé », des dizaines de rassemblements de personnels hospitaliers étaient prévus dans toute la France. À Nantes, où la mobilisation du 16 juin a réuni plus de 5 000 personnes, infirmières et aides-soignants ont à nouveau répondu présent.

Si certains avaient déjà battu le pavé le 16 juin dernier, rien, pas même l’absence de modifications de planning, ne les aurait empêchés de descendre à nouveau dans la rue ce 30 juin. C’est notamment le cas d’Anne et Jessica, toutes deux infirmières anesthésistes au CHU de Nantes, toujours aussi mobilisées : « S’il y a bien une journée où il fallait être là, c’était aujourd’hui, assurent-elles. Tant que rien ne bouge, il ne faut pas lâcher. » Lâcher ? Pour Isabelle, Ibode au centre hospitalier nantais, il n’en est évidemment pas question. « On a largement prouvé qu’on était indispensable. Et pourtant, nous n’avons toujours aucune reconnaissance de la part du gouvernement », fustige-t-elle.

Encore plus de moyens

À Nantes, ils étaient ainsi environ 1 500 rassemblés ce mardi pour demander une augmentation salariale immédiate et un plan massif d’investissements pour l’hôpital, espérant ainsi peser sur les dernières négociations du « Ségur de la santé », sur le point de se terminer. Et ce, malgré la promesse d’un versement de six milliards d’euros en faveur d’une revalorisation salariale des soignants, avec des majorations ciblées notamment sur les infirmières et les aides-soignants. « Pour l’instant, c’est très flou sur le montant que nous pourrions obtenir. Faudra-t-il se partager le gâteau comme avec la prime Covid, en favorisant certains et pas d’autres ? Et quand bien même notre salaire serait revalorisé, cela suffira-t-il à compenser les conditions de travail de plus en plus dégradées ? » interroge Delphine Gauthier, Ibode à l’hôpital mère/enfant de Nantes. Manque de reconnaissance, manque de personnel, manque de matériel et de lits… cette dernière se dit « usée » d’exercer à l’hôpital et envisage, à 45 ans, de se réorienter dans le médico-social. « Je n’ai pas signé pour travailler à la chaîne, avec de moins en moins de relations humaines », avoue-t-elle.

Soignants du privé : les grands oubliés ?

À la différence du 16 juin, cette nouvelle manifestation reste cependant marquée par une implication plus importante des soignants et agents de service du secteur privé. Maternité, service de chirurgie, de médecine ambulatoire, USC (unité de surveillance continue)… nombre d’entre eux sont descendus dans les rues pour réclamer, à l’instar de leurs homologues du public, une revalorisation salariale. « On demande à être payé pareil que dans le public. Notre clinique a beau faire partie de l’un des plus grands opérateurs de santé privé, à diplôme et poste équivalents, on gagne parfois 200 à 300 euros de moins que nos confrères à l’hôpital, blâme Geoffray Tourneux, infirmier de 23 ans à la clinique privée Bretéché à Nantes. Pourquoi faudrait-il toujours qu’il soit question du public, alors que nous avons autant de mérite ? » Non moins révoltée, sa voisine et consœur, Myriam Bonnard, insiste, quant à elle, pour que la prime Covid leur soit enfin versée. « Dans le service Covid dans lequel j’ai travaillé, nous avons accueilli 90 patients en deux mois. Pourtant, alors que nos confrères du public ont déjà touché leur prime, nous ne savons même pas combien nous aurons », s’offusque-t-elle. D’abord au front pendant le confinement, puis dans la rue pour se faire entendre, combien de temps les professionnels de santé pourront-ils être au rendez-vous ?

Eléonore de Vaumas

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