Amrit Purba, infirmière et chercheuse en santé publique à l’université de Glasgow © David Girelli
Amrit Purba, IDE et chercheuse en santé publique à l’université de Glasgow, défend dans la revue « Nursing Times » l’idée d’une extension du rôle des infirmières après la crise du coronavirus.
Et si les IDE possédaient les clés de l’après-coronavirus ? C’est en quelque sorte la thèse avancée dans un récent article (1) par Amrit Purba, infirmière britannique et doctorante en santé publique à la MRC/CSO Social and Public Health Sciences Unit de l’université de Glasgow, en Écosse. Pour elle, les émules de Florence Nightingale ont en effet montré qu’elles sont en mesure de résoudre bien des difficultés posées par la crise… à condition qu’on leur en donne les moyens.
L’infirmière note en effet que certaines catégories vulnérables de la population, à commencer par les personnes handicapées, ont « eu le sentiment d’être laissées de côté dans la réponse à la crise du Covid-19 ». Or, au Royaume-Uni, les infirmières, « qui représentent les effectifs les plus importants du système de santé et qui sont parmi les premières personnes présentes durant les périodes de crise », sont d’après Amrit Purba insuffisamment formées aux soins aux personnes vivant avec un handicap. Si davantage d’entre elles avaient eu les compétences adéquates, la crise aurait peut-être eu un autre visage.
De la même manière, Amrit Purba note que, bien que la profession infirmière se soit construite autour de la lutte contre les maladies infectieuses, son expertise est désormais davantage focalisée sur les maladies chroniques. Or, en cas d’épidémie, il est selon elle essentiel que les infirmières soient capables de se mettre en rapport avec les équipes spécialisées, notamment pour « initier l’identification des pathogènes, les traitements appropriés et prévenir d’autres infections ». Là encore, des IDE mieux formées auraient probablement mieux répondu à la crise.
Troisième champ dans lequel Amrit Purba estime que les infirmières pourraient mieux jouer leur rôle en cas de nouvelle épidémie : porter la voix des populations les plus vulnérables. « Durant la crise, beaucoup d’informations sur le Covid ont été présentées via des canaux médiatiques différents », écrit-elle, notant que les autorités ont largement échoué à fournir ces informations «dans des formats accessibles et compréhensibles pour les groupes vulnérables ».
Les infirmières, qui sont au plus près de la population, sont idéalement placées pour assurer cette communication si elles sont formées de manière adéquate, note-t-elle. En cas de retour du coronavirus ou d’une autre maladie infectieuse, il faudra donc s’assurer que les IDE possèdent les compétences requises. « Investir pour améliorer les connaissances et les capacités des infirmières présente non seulement des avantages immédiats, mais assurera une meilleure préparation pour de nouvelles épidémies », écrit Amrit Purba, qui fait le vœu que « la mémoire du Covid-19 ne s’efface pas ».
Adrien Renaud
1- Amrit Kaur Purba, « How should the role of the nurse change in response to Covid-19 ? »,
Nursing Times, 26 mai 2020, vol. 116, n° 6.