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L’URPS des infirmiers libéraux de Nouvelle-Aquitaine s’apprête à lancer une campagne de communication pour inciter la population à se faire vacciner par les Idels. Une manière de couper l’herbe sous les pieds des pharmaciens… sans le dire.
« L’année dernière, tous les médias parlaient de la vaccination par les pharmaciens, et les autres professionnels étaient oubliés. » Isabelle Varlet, présidente (FNI) de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) des infirmiers libéraux de Nouvelle-Aquitaine, a gardé un mauvais souvenir de la campagne de vaccination antigrippale 2019-2020. C’est pour cela que son institution a décidé de lancer dès le 3 octobre prochain une offensive médiatique pour mieux faire connaître le rôle des infirmiers en la matière.
L’URPS s’est donc offert les services d’une agence de communication qui a conçu des flyers et des affiches qui seront distribués et mis à la disposition des Idels, mais aussi de la publicité dans des magazines ainsi que des spots radio qui seront notamment diffusés sur France-Bleu. « Nous voulons que les patients sachent que la vaccination antigrippale est importante, et qu’elle fait partie de notre rôle », insiste Isabelle Varlet.
Il est vrai qu’en cette année marquée par le coronavirus, peut-être plus qu’en toute autre, il est important que le taux de vaccination soit au rendez-vous. De nombreux appels, émanant de la communauté médicale, soulignent en effet depuis quelques jours la nécessité d’augmenter la couverture vaccinale contre la grippe pour éviter de surcharger les professionnels de santé, et pour limiter les risques liés à la circulation parallèle des deux virus. Isabelle Varlet souligne pourtant que la campagne de communication aquitaine est indépendante de la circulation du Covid. « Cela fait un an qu’on y pense, mais c’est vrai que nous venons en soutien de ce qui se passe », indique-t-elle.
La représentante infirmière insiste sur le fait que la campagne n’est dirigée contre personne. « Mon seul reproche, c’est que l’année dernière, les médias n’ont visé que les pharmaciens, alors qu’il y a d’autres professionnels qui vaccinent : les médecins, les Idels…, précise-t-elle. Nous souhaitons prendre toute notre place, en soutien avec les autres professions. » Pour mieux asseoir cette place, l’URPS a d’ailleurs prévu que les patients qui n’ont pas d’Idel pourront prendre rendez-vous pour se faire vacciner par l’une d’entre elles directement sur la plateforme de mise en relation qu’elle a développée : Inzee.care.
Isabelle Varlet assure que l’enjeu est avant tout un enjeu de santé publique, et non un enjeu de chiffre d’affaires. « C’est vrai que l’année dernière, les Idels ont un peu moins vacciné parce que les pharmaciens ont pris leur part, mais c’est une petite part », estime-t-elle. Reste que, du propre aveu de la présidente de l’URPS, la campagne de communication à venir constitue « un gros investissement, aux alentours de 50 000 euros ». Difficile de ne pas y voir une tentative de récupérer une patientèle perdue.
Adrien Renaud