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Une trentaine d’organisations infirmières préparent des États généraux de la profession. L’objectif : élaborer des amendements, les soumettre aux députés et les faire adopter dans la prochaine loi de financement de la Sécurité sociale.
Dans l’imaginaire français, les États généraux, c’est ce qui précède immédiatement la Révolution. Est-ce ce qui anime les 33 organisations qui tiendront le 1er octobre prochain les États généraux infirmiers ? Peut-être ce collectif regroupant associations et syndicats ne va-t-il pas jusque là : son objectif n’est pas vraiment de renverser la table et d’aboutir à l’équivalent d’une Constituante. Mais la volonté d’influencer le législateur, elle, est bien là.
Concrètement, ces États généraux consisteront en une journée où seront organisées cinq tables rondes sur cinq grandes thématiques intéressant la profession : formation, premier recours, consultation infirmière, e-santé, et prévention. « Le but est de faire ressortir des actions prioritaires pour les soignants, de les traduire en amendements, de les présenter à des députés qui les proposeront à leur tour dans le cadre du prochain Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) », détaille Antoinette Tranchida, présidente de l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil), l’une des structures organisatrices.
Le travail des États généraux s’appuie notamment sur celui qui avait déjà été effectué par le collectif Duquesne, qui réclamait davantage de représentation des infirmières dans le cadre du Ségur de la santé. Celui-ci avait défini des axes de travail que l’on retrouve comme pistes évoquées pour les amendements à proposer aux députés : augmentation du niveau d’autonomie des infirmières, amélioration de la rémunération et des conditions de travail, sortie d’un système jugé « médico-centré »…
Bien sûr, pour des raisons pratiques, mais aussi pour des raisons sanitaires, tous les infirmiers ne pourront pas assister aux États généraux. « Ce sera réservé aux militants des organisations participantes, précise Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professions infirmières (SNPI-CFE-CGC), qui participe lui aussi à l’organisation de la manifestation. Il y aura 250 places, et une visio est prévue pour les militants qui ne pourront pas se déplacer physiquement à Paris. » Le responsable syndical ajoute que les 250 présents, mais aussi les participants à distance, voteront sur les mesures à défendre « un peu sur le modèle de la convention citoyenne sur le climat ».
Seule différence avec la convention citoyenne, et elle est de taille : celle-ci avait été organisée et voulue par le pouvoir en place. L’exécutif et les députés, surtout ceux de la majorité, sauront-ils être à l’écoute d’États généraux organisés et pensés contre eux, alors qu’ils viennent de clôturer un Ségur qu’ils estiment, à tort ou à raison, apporter une réponse aux préoccupations des professionnels de santé ?
« Nous ne sommes pas du tout satisfaits de ce Ségur, nous manquons toujours de reconnaissance, et nous n’avons toujours pas vu l’augmentation promise, répond Arnaud Bassez, président de la Société française des infirmiers anesthésistes (Sofia), autre structure organisatrice de l’événement. Tout cela n’est qu’une succession de mépris. » Reste à savoir si ce discours infirmier aux accents « sans-culotte » sera suffisant pour prendre la Bastille du PLFSS.
Adrien Renaud