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Les 11 et 23 septembre, les organisations Ibode ont rencontré la DGOS pour reprendre les discussions au sujet de la formation, des salaires et des mesures transitoires. Magali Delhoste, la présidente de l'Unaibode, revient pour nous sur ces rencontres.
Magali Delhoste : En mars, nous avions rencontré la DGOS avec les différentes fédérations. Nos interlocuteurs nous avaient dit qu'ils allaient attaquer la réingénierie de la formation, discuter des salaires, travailler sur la sécurisation de l'exercice dans les blocs. On les a laissé gérer la crise puis on les a recontactés pour faire le point. On s'est donc revu pour reprendre le travail lancé.
Oui, bien sûr. Nous voulons une revalorisation salariale mais nous voulons marquer le coup aussi en mettant en avant notre expertise, nos compétences. La réingénierie, on la demande depuis des années. Depuis le 1er janvier 2020, enfin, les compétences exclusives des Ibode devront être respectées dans les blocs opératoires (1). Maintenant, il faut vraiment entrer dans ce cursus universitaire et cette revalorisation de la profession. En attendant, des Ide ayant exercé un an au bloc peuvent déposer le dossier de mesures transitoires pour être autorisées à pratiquer trois actes : l'exposition, l'hémostase, l'aspiration.
Nous n'étions pas du tout d'accord, en mars, à ce propos. On nous disait que les mesures transitoires ne sécurisaient pas aujourd'hui l'ensemble de l'exercice dans les blocs opératoires. L'exercice dans les blocs est très compliqué entre les Ibode, les Ide qui n'ont pas pu valider leur dossier de mesures transitoires avant le Covid... Il y a eu de nouveaux arrivants début 2020. Depuis le 1er janvier, l'exercice exclusif est réservé aux Ibode. Sauf qu'aujourd'hui, des établissements emploient des infirmiers qui ne sont même pas en cours de validation des mesures transitoires, qui commencent à effectuer des actes qui nous appartiennent. C'est un no man's land. Nous voulons que les infirmiers en cours de validation des mesures transitoires terminent leur formation, qu'ils soient diplômés !
On est contents, on avait peur qu'ils élargissent beaucoup plus l'accès aux mesures transitoires mais on n'est pas déçus, on reste sur ce qui était prévu. Ce n'est pas totalement gagné mais on avance.
Les mesures transitoires, c'est une autorisation temporaire. Ça ne permet pas de faire tourner les blocs opératoires tout le temps. Il va y avoir encore des dérives. La majorité des infirmiers dépassent largement le cadre de leurs compétences. On est relativement satisfait parce que ces mesures transitoires sécurisent un petit peu plus l'exercice dans les blocs. Le gouvernement va dans notre sens.
Il faut continuer à travailler. Notamment sur la réingénierie. Une fois que ces infirmiers ont été autorisés à pratiquer les trois actes, il faut voir comment les intégrer dans un véritable cursus. Nous, ce que l'on veut, à terme, c'est qu'il n'y ait que des Ibode dans le bloc opératoire. Uniquement des personnes qui ont fait des études d'infirmiers de bloc. Exercer au bloc, ce n'est pas juste exposer et coaguler, il y a d'autres actes autour qui ne sont réservés qu'aux Ibode : installation, sutures des drains, fermeture des drains...
À ce jour, 12 700 personnes ont déposé les dossiers. Plus ceux qui n'ont pas pu ou pas voulu avant parce qu'ils pensaient que ça ne marcherait pas. On rouvre donc à ceux qui n'ont pas pu poser le dossier avant.
Il n'y a plus de jury de validation mais 21 h de formation, à faire avant décembre 2025.
Mme Niay, présidente de l'AEEIBO (Association des enseignants d'école d'infirmiers de bloc opératiore, NDLR), leur a expliqué la direction souhaitée. À savoir, je répète, qu'il n'y ait dans les blocs que des Ibode, et la mise en place d'une formation par VAE (validation des acquis d'expérience) pour les infirmiers travaillant au bloc et souhaitant devenir Ibode. C'était déjà acté avec la DGOS pour 2020, sauf que les travaux n'ont pu être menés. Donc, a priori, on part sur une rentrée 2021 avec réingénierie de la formation en quatre semestres sur le modèle universitaire pour un grade master 2.
On en a un petit peu parlé. Le syndicat des infirmiers de bloc opératoire a travaillé sur une grille salariale que l'on a fournie à la DGOS. L'idée est de faire la différence entre un infirmier qui travaille au bloc et un Ibode. Ils ont affirmé qu'ils étaient en train d'étudier comment revaloriser.
Le travail du syndicat conclut qu'il faut arriver à deux fois et demi le smic pour un Ibode.
Oui. La reprise de l'ingénierie, c'est déjà un gros morceau. Une fois ce travail achevé, on pourra intégrer ceux qui ont validé les mesures transitoires à un véritable cursus. Et entendre aussi qu'ils ne voient pas ça sans augmentation de salaire, c'est une bonne nouvelle. Mais la clé de voute, c'est la réingénierie.
1- Installation chirurgicale du patient, mise en place et fixation des drains sus-aponévrotiques, la fermeture sous-cutanée et cutanée, aide à l'exposition, à l'hémostase et à l'aspiration.
Propos recueillis par Thomas Laborde