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À partir du 5 octobre 2020, les Idel ne pourront plus bénéficier des masques issus des dotations d’État. Elles devront donc s’approvisionner elles-mêmes en masques chirurgicaux et FFP2. Et, donc, payer ces autres équipements de protection individuelle (EPI). Or, la facture commence à être lourde.
Dès le 10 juin 2020, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) alertait sur le sujet : « Se fournir en surblouses ou en gants peut devenir compliqué ou très onéreux », expliquait alors le syndicat. Le 17 août, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) dressait un constat plus alarmant encore en soulignant « la raréfaction des équipements de protection, allant parfois jusqu’à la pénurie totale, et une très forte inflation du prix de ces équipements (gants, surblouses, charlottes…) mais aussi du gel hydroalcoolique ».
« Il y a, en effet, des difficultés d’approvisionnement pour les gants. La production est essentiellement en Malaisie, et les usines ont été bloquées un certain temps [en raison du confinement, NDLR], explique Vincent Leroy, fournisseur de matériel médical. Avec le Covid-19, la demande internationale a explosé et les tarifs ont doublé voire triplé. » Ainsi, le prix « normal » d’une boîte de 100 gants en vinyle sans poudre s’élevait avant la crise à 4,70 € ; il atteint aujourd’hui 9,90 €. Mais cette situation ne concerne pas uniquement les gants. Des difficultés d’approvisionnement se profilent aussi pour les surblouses jetables. Les prix des tabliers ont également grimpé jusqu’à 120 € les 100 unités, contre 10 € auparavant. « Les prix fluctuent sans cesse. Les marchés sont très compliqués actuellement. Selon des grands faiseurs, cela devrait durer encore pendant six mois », remarque un autre distributeur de matériel médical, qui a choisi de commercialiser des surblouses lavables fabriquées en France.
Face à cette inflation des prix, les infirmières libérales sont démunies. La prime Covid d’équipement de 700 €, négociée avec l’Assurance maladie alors dirigée par Nicolas Revel, n’a pas pu être mise en œuvre. « Réglementairement, elle ne pouvait pas être attribuée aux infirmières qui avaient travaillé lors du confinement et avaient dû s’équiper, car elle faisait partie du dispositif de la prime versée pour la perte d’activité », précise Daniel Guillerm, président de la FNI. Et difficile de négocier des tarifs plus attractifs. « Nous n’avons pas accès aux plateformes d’achat mises en place par le gouvernement, car nos commandes ne sont pas assez importantes », explique Catherine Kirnidis, présidente du Sniil. La FNI incite donc ses adhérents à s’adresser à la plateforme créée par l’Union nationale des professions libérales (UNAPL), dont le syndicat est membre. L’URPS des infirmières de la région PACA a réussi à négocier un contrat avec un grossiste. « Nous avons obtenu une garantie d’approvisionnement et de prix stables jusqu’au 30 octobre, mais pas au-delà. Les infirmières passent leur commande sur notre site et nous les transmettons au grossiste qui les livre directement », détaille Lucienne Claustres-Bonnet, la présidente.
Les deux syndicats réclament donc un encadrement des prix des EPI comme pour les masques. Une demande qui reste, pour l’instant, sans réponse. « Pour un acte qui rapporte 10 €, nous dépensons 2,50 € en EPI. Nous allons travailler pour des clopinettes ! », s’insurge Catherine Kirnidis. « Soit le gouvernement prend des mesures réglementaires, soit l’État met la main à la poche », conclut Daniel Guillerm.
Magali Clausener