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Le 1er octobre se sont tenu les États généraux infirmiers : 34 organisations ont peaufiné 25 propositions pour une meilleure reconnaissance de la profession. Elles veulent désormais convaincre les parlementaires de les transcrire dans la loi.
Réunis dans le 13e arrondissement de Paris, les participants aux États généraux infirmiers ont débattu pendant toute la journée du 1er octobre, ajoutant un mot ici, retranchant une virgule là. Chaque formulation était pesée au trébuchet, puis soumise au vote des délégués des 34 organisations (syndicats, associations, etc.) qui sont à l’initiative du projet et qui représentent toutes les tendances du monde infirmier. Au bout de près de huit heures de travail, le résultat était là : 25 propositions qui doivent un jour, du moins tous l’espèrent, avoir force de loi pour qu’enfin, les infirmières soient « reconnues à hauteur de leurs compétences et responsabilités ».
Ces propositions couvrent différents domaines. Certaines sont d’ordre juridique, comme la première, qui demande à « modifier le Code de la santé publique, pour que l'infirmier ne soit plus "auxiliaire médical" mais professionnel de santé à part entière ». La 18e appelle pour sa part à « réactualiser le décret d’actes », quand la 22e entend « inscrire dans le Code de santé publique les professionnels infirmiers comme acteurs de premier recours ». D’autres propositions soutiennent la création de nouvelles activités, comme la 2e et la 3e, qui visent à créer des consultations infirmières, respectivement pour l’évaluation et la coordination du parcours des personnes âgées, ou comme la 4e et la 5e, qui entendent favoriser la prescription d’antalgiques ou de dispositifs médicaux.
Mais la consultation et la prescription ne sont pas les seules thématiques abordées, et d’autres propositions touchent à la réingénierie des formations, à la création de nouvelles spécialités, à l’institution d’un ratio de patients par infirmière… L’idée est désormais de convaincre les parlementaires d’introduire ces 25 mesures sous forme d’amendements au Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui a été dévoilé par le gouvernement le 29 septembre. « Nous irons les rencontrer sur leurs territoires afin de faire avancer nos revendications », annonçait en clôture des États généraux Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC) qui a joué le rôle de maître de cérémonie pendant cette journée de discussions.
Mais au-delà de l’ambition législative, la fonction de ces États généraux semble aussi avoir été de lancer un cri d’alarme. « Aujourd’hui, les jeunes fuient le métier parce qu’ils savent qu’ils ne tiendront pas 42 ans à ce rythme », avertit Thierry Amouroux. « Beaucoup d’infirmiers ne croient plus en ce métier, approuve Antoinette Tranchida, présidente de l’Organisation des syndicats d’infirmiers libéraux (Onsil). Et s’ils n’y croient plus, on va vers une autre catastrophe sanitaire, qui sera le manque de soignants. » Tatiana Henriot, présidente de l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa), est plus pondérée, mais affiche la même amertume. « Aujourd’hui, nous sommes une profession sur laquelle on ne s’appuie pas, dont on gaspille l’expertise. » Reste à savoir si les parlementaires seront sensibles à cet appel de détresse…
Adrien Renaud