06/10/2020

Discriminations à l'embauche : dialogue de sourds à l'hôpital Robert-Debré

Un collectif de soignants estime qu’à l’hôpital Robert-Debré, à Paris, les personnes d’origine arabe, africaine ou antillaise sont discriminées à l’embauche. L’établissement attaque en diffamation, mais le collectif maintient ses accusations.

Tout est parti d’une discussion entre soignantes à l’hôpital Robert-Debré, dans le 19e arrondissement de Paris. Celles-ci remarquent que sur les presque 100 personnes travaillant dans leur service, elles ne sont qu’une poignée à être « issues de la diversité », raconte une infirmière, qui préfère rester anonyme et que nous appellerons X. « Cela nous est venu comme une évidence, raconte-t-elle, alors on s’est mises à analyser aussi ce qui se passait dans les autres services. » Et là, même constat : en hématologie, en néonatologie… « que des gens d’origine européenne », explique X. Les rares collègues d’origine arabe, africaine ou antillaise ont été embauchés « il y a plus de dix ans ». Choquées, X et ses collègues décident d’écrire à la direction. Le début d’une aventure qui devait les emmener bien plus loin qu’elles ne l’imaginaient alors, et qui a été relatée le 21 septembre dernier par « Mediapart ».

« Notre premier courrier était vraiment très gentil, nous nous questionnions simplement sur le mode de recrutement », raconte l’infirmière. Devant l’absence de réponse, X et ses collègues menacent de prévenir la presse. « La direction nous a alors simplement répondu qu’elle réfutait tout, se souvient-elle. Nous avons donc décidé de faire un deuxième courrier, que nous avons placardé dans l’établissement. » S’en est suivi une réunion houleuse entre la direction et les syndicats, sans que les positions des uns et des autres n’évoluent. « Nous avons donc réalisé une enquête, raconte l’infirmière. Nous avons décortiqué les plannings, pour identifier les soignants et savoir qui était issu de la diversité, et depuis quand ils étaient en poste.  »

1 % d’embauches issues de la diversité sur huit ans

Bien sûr, la méthode pose question : même si elles s’en défendent, X et ses collègues ont constitué un fichier qui est à la limite de la légalité. Mais si la régularité du procédé est discutable, les résultats, eux, sont sans appel. Ils ont de nouveau été placardés dans les couloirs de Robert-Debré en septembre : « sur 1 100 soignants, seulement 135 sont issus de la diversité, raconte X. Et sur les huit dernières années, seulement 1 % des personnes embauchées étaient issues de la diversité ! ». Cette fois, la réaction de l’administration a été radicale. Dans une « mise au point » publiée sur Internet le 21 septembre, celle-ci qualifie les accusations de « très graves et calomnieuses » et parle de « données statistiques dont l’existence ne peut être qu’artificielle ou fabriquée ». Enfin, la direction annonce qu’elle a déposé une plainte pour diffamation.

Voilà qui n’est pas de nature à faire reculer X. Avec ses collègues, elle a fondé le collectif « Soignants égaux ». Elle a par ailleurs saisi le Défenseur des droits. Deux procédures sont donc en cours, ce qui désole Lyasid Mahalaine, co-secrétaire de la section de Robert-Debré du syndicat Sud-Solidaire et secrétaire du CHSCT de l’établissement. « Je ne peux pas me prononcer sur les données avancées par le collectif, je ne connais pas leur méthodologie, explique cet auxiliaire de puériculture. Ce que je sais en revanche, c’est que quand des soignants expriment un tel ressenti, le devoir de la direction est d’apporter la démonstration qu’il n’y a pas de discrimination, ou s’il y en a, de prendre des mesures pour rectifier le tir. Pas de déposer une plainte pour diffamation. » En attendant, la balle est dans le camp des juges et du Défenseur des droits.

Adrien Renaud

Les dernières réactions

  • 07/10/2020 à 12:05
    Salut,
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    Bonjour
    Je ne connais pas cet hôpital, mais ce que je sais c'est qu'il y a bien une discrimination, parceque, je suis infirmière titulaire dans un autre hôpital, actuellement en procès,pour non réintégration après, une disponibilité pour élever un enfant qui a la période avait moins de huit ans je suis originaire de la Martinique. Selon moi si une infirmière a eu le courage de dénoncer une discrimination, qui existe depuis des années, ce n'est pas le cas des syndicats qui ont peur de dire ce qui se passe dans certains hôpitaux. Je vais même plus loin que c est infirmière ,je dis en plus de la direction, il y a une discrimination entre collègues d après ce que moi moi-même j'ai vécu. Daniela
  • 07/10/2020 à 13:06
    maxime
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    il y a une diversité importante dans les hôpitaux d’île de France il faut stopper les fausses rumeurs. Je travail depuis des années avec des collègues de différentes origines et cultures du grand n’importe quoi!
  • 07/10/2020 à 13:11
    maximz
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    je termine mon précédent mail avant une interprétation du grand n’importe quoi cette enquête nous avons d’autres choses a faire actuellement et je suis content de cette diversité de culture j’ai jamais vu de discrimination sur les différents lieux de travail.

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