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La société de conseil aux entreprises Fiducial a publié, fin septembre, son traditionnel observatoire annuel des infirmiers libéraux. Celui-ci révèle des revenus confortables par rapport au reste de la population infirmière, mais dont l’évolution semble peu dynamique.
45 836 euros par an, soit 3 820 euros par mois. Voilà le revenu de l’infirmière libérale (Idel) moyenne, si l’on en croit l’observatoire Fiducial des infirmiers libéraux. Cette synthèse annuelle, qui se fonde sur l’analyse des bilans de 400 cabinets parmi les 7 800 accompagnés par la célèbre société spécialisée dans le conseil aux petites entreprises, place donc les libérales dans le haut de la distribution des revenus en France, et pourrait même les faire passer pour des nanties en comparaison de leurs consœurs salariées : celles-ci ont, d’après le dernier panorama des établissements de santé publié par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), un salaire mensuel moyen de 2 255 euros.
« Il ne faut pas regarder les choses par le petit bout de la lorgnette, avertit cependant Catherine Kirnidis, présidente du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). De nombreuses enquêtes, par exemple en Paca , montrent que le temps de travail des Idels est largement supérieur à un temps de travail habituel. » Même son de cloche du côté de Convergence infirmière. « Je trouve que ce revenu n’est pas énorme par rapport au nombre d’heures effectué, estime sa présidente Ghislaine Sicre. Nous travaillons entre 11 et 14 heures par jour. »
Un constat d’autant plus amer que le revenu des Idels semble relativement stable : il était, l’année dernière, d’après l’observatoire Fiducial, de 45 463 euros. La progression n’a donc été que de 0,8 % (précision importante : l’analyse de Fiducial porte sur des données antérieures à la crise sanitaire). « Ce n’est pas très étonnant, car il y a de plus en plus d’installations, commente Catherine Kirnidis. Avec un gâteau dont la taille n’augmente pas beaucoup et un nombre de convives toujours plus grand, la part de chacun ne peut pas être en augmentation. »
Ghislaine Sicre, de son côté, met en cause l’avenant 6 à la convention entre l’Assurance maladie et les Idels, que son syndicat a d’ailleurs refusé de signer. « Dans ce texte, il y a des augmentations sur certains actes bien précis, mais si on ne vous appelle pas pour les faire, votre revenu n’augmente pas », pointe-t-elle.
Reste qu’au-delà des questions des revenus, l’observatoire Fiducial met en lumière d’autres chiffres qui permettent de dresser un portrait-robot intéressant de l’Idel moyenne. Largement féminisée (88 % de femmes dans l’échantillon), la profession est aussi vieillissante (l’âge moyen est de 49 ans, et 54 % ont 50 ans ou plus). 57 % des cabinets étudiés sont établis en zone rurale, et leur patientèle est à 63 % constituée de retraités.
Les Idels de l’échantillon affichent par ailleurs une moyenne de 4,15 jours d’ouverture par semaine, et de 48 semaines d’ouverture par an. Enfin, last but not least, seulement 13 % exercent en maison médicale. Un caillou dans la chaussure du gouvernement, qui souhaite promouvoir les modes d’exercice coordonnés.
Adrien Renaud