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Infirmier et responsable syndical au CH de Laval en Mayenne, Maxime Lebigot a fondé en 2016 l’Association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM). Il se prépare à attaquer l’État en justice pour faire respecter le principe d’équité dans l’accès aux soins.
Maxime Lebigot : En mars 2016, avec ma femme, qui est aussi infirmière, nous avons eu un premier fils. Fin juin 2016, notre médecin traitant de Laval, qui est parti à la retraite sans repreneur, a dû interrompre le suivi et les vaccins de notre fils. Il nous a donné notre dossier et nous a souhaité bonne chance. Nous avons appelé tous les médecins de l’agglomération, et tous nous ont dit de rappeler à la fin de l’été parce qu’ils ne prenaient plus de nouveaux patients. Mais quand nous avons rappelé au mois de septembre, ils nous ont dit qu’il n’y avait toujours pas de place, et que nous devions appeler l’Agence régionale de santé (ARS), car c’était leur faute.
Que la seule chose qu’ils pouvaient nous proposer pour faire les vaccins et assurer le suivi de notre fils, c’était d’aller aux urgences pédiatriques ! Il était hors de question qu’on aille embêter nos collègues des urgences pour de la vaccination. J’ai donc posté un message sur Twitter qui a eu un certain écho et qui a été relayé par Le Courrier de la Mayenne. C’était en septembre 2016, et en novembre, l’ACCDM tenait son assemblée générale constitutive.
C’est une activité de lobbying citoyen : nous participons aux conseils territoriaux de santé en tant que représentants des usagers, nous avons été auditionnés à l’Assemblée nationale dans le cadre de propositions de loi visant à réguler l’installation des médecins…
On voit bien que les propositions de lois sur la liberté d’installation des médecins sont retoquées à l’Assemblée, notamment à la commission des affaires sociales qui, soit dit en passant, est composée de 19 % de médecins. Or, le préambule de la Constitution stipule que l’État garantit à chaque citoyen l’accès aux soins de façon équitable. Nous avons contacté Corinne Lepage, qui est avocate et ancienne ministre. Elle nous a dit qu’il y avait peut-être une faille à exploiter de ce côté-là, et a accepté de défendre le dossier.
Nous sommes en train de récolter des fonds, car cette procédure a un coût. Puis, à la fin de l’année, nous introduirons un recours gracieux, avant d’aller plus loin, par exemple devant le tribunal administratif.
Je trouve qu’il y a deux poids, deux mesures. Quand un infirmier s’installe en libéral, il y a une régulation, et c’est bénéfique : cela permet une meilleure répartition. Pourquoi ne pas aussi réguler aussi l’installation des médecins ?
Propos recueillis par Adrien Renaud