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Ouvertes depuis le 14 octobre, les élections qui doivent aboutir à renouveler la moitié des conseils départementaux et interdépartementaux de l’Ordre des infirmiers se clôturent ce jeudi. Trois candidats expliquent pourquoi ils veulent s’engager.
Jean-Sébastien Nizou, Idel à Marseille (Bouches-du-Rhône)
Défendre un diplôme qu’il estime en danger. Voilà ce qui a poussé Jean-Sébastien Nizou, infirmier installé en libéral depuis treize ans dans le centre de Marseille, à se présenter aux élections ordinales de cette année. « Mon diplôme, c’est ce que j’ai de plus précieux », affirme-t-il. Or, ce diplôme est d’après lui « en train de se déliter » à coups de glissements de fonction successifs : « Les auxiliaires de vie se mettent à faire des toilettes, les pharmaciens vaccinent, de nouvelles professions comme les assistants médicaux sont en train d’être créées pour seconder les médecins… », énumère-t-il. C’est donc parce que le Phocéen estime que l’Ordre est le garant du diplôme qu’il a décidé de briguer l’un des sièges en jeu dans son département. Il se présente en binôme avec une consœur, Corinne Ardoin, elle aussi Idel à Marseille.
Mais leur candidature n’a pas été sans heurts. Jean-Sébastien Nizou déplore notamment que sa profession de foi ne soit pas visible sur la plateforme Neovote, sur laquelle se déroule le scrutin. Il s’estime ainsi désavantagé. « Il fallait que le document fasse une page, alors que notre profession de foi en faisait deux, explique-t-il. Nous sommes en colère, nous nous sentons dépossédés de notre candidature et nous pensons que nous aurions dû être mieux accompagnés. » Qu’à cela ne tienne : si sa candidature ne recueille pas suffisamment de voix, Jean-Sébastien Nizou a déjà décidé qu’il se présenterait à nouveau la prochaine fois. « Mon engagement va s’intensifier », promet-il.
Isabelle Treps, Ibode à Saint-Affrique (Aveyron)
2020 aurait pu être l’année de toutes les ruptures pour Isabelle Treps. Tout d’abord, cette Ibode du CH de Saint-Affrique, dans l’Aveyron, vient de prendre sa retraite. De plus, le mandat qu’elle assume depuis une dizaine d’années au Conseil départemental de l’Ordre des infirmiers de Rodez arrive à échéance. Mais finalement, 2020 pourrait plutôt être pour elle l’année de toutes les continuités : la soignante a décidé de conserver une activité partielle dans son établissement, et elle s’est lancée dans l’élection pour obtenir un nouveau mandat de conseillère ordinale.
Sa principale motivation ? « Ce que je veux, c’est continuer de siéger en commission disciplinaire », explique-t-elle. Celle-ci est une instance de niveau régional dont ses membres sont élus au sein des conseils départementaux. Être réélue pour Isabelle Treps est donc une condition pour poursuivre cette activité. Mais il ne faudrait pas croire que l’Ibode est mue par la volonté de sanctionner ses collègues. Pour elle, siéger en commission disciplinaire, infliger un avertissement ou un blâme quand il le faut, c’est avant tout travailler pour les infirmiers dans leur ensemble. « Je pense qu’il faut défendre notre profession, et que cela passe par une certaine exemplarité », indique-t-elle.
Sylvie Ciron, Idel à Gueugnon (Saône-et-Loire)
C’est une voix familière dans le monde libéral : Sylvie Ciron, membre du conseil d’administration de l’association Unidel, a eu à maintes reprises l’occasion de prendre la parole pour défendre les intérêts des Idels. Mais pour cette quinquagénaire installée à Gueugnon, l’engagement associatif ne suffit pas. « Ce qui m’intéresse dans l’Ordre, c’est de défendre la pluralité de nos modes d’exercice au sein d’une institution neutre, équitable », détaille-t-elle. D’où sa candidature pour occuper un siège dans le collège libéral du conseil interdépartemental de la Nièvre et de Saône-et-Loire.
Bien sûr, Sylvie Ciron n’ignore rien des critiques souvent adressées à l’Ordre. « L’Ordre n’est que ce qu’on en fait, estime-t-elle. Il est souvent décrié, mais c’est surtout qu’il n’est pas utilisé à bon escient. Les infirmiers qui disent que l’Ordre ne sert à rien ont en partie raison, mais ils sont aussi en partie responsables de ce qui arrive. » Sa logique est simple : « Pour que l’Ordre soit vraiment représentatif, il faut que tous s’investissent », ajoute-t-elle. Et après les élections au Conseil départemental, vise-t-elle des fonctions au Conseil régional, voire national ? « Je fais les choses pas à pas, tempère l’Idel. Ce qui m’importe, c’est que la profession avance… Il ne faut pas se précipiter. »
Adrien Renaud