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Le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie (CNSPFV) a publié, fin octobre, les données de la deuxième édition de son Atlas national sur l’offre en soins palliatifs. Si cette offre a sensiblement augmenté, des disparités subsistent entre les territoires.
« En termes d’offre, l’augmentation est réelle, observe le Dr François Cousin, médecin de santé publique et chargé de mission au CNSPFV. Nous constatons une progression de l’offre hospitalière en soins palliatifs avec 7 500 lits, soit 14 % de plus depuis 2015. » L’augmentation des unités de soins palliatifs (USP) était l’un des objectifs du plan national « Soins palliatifs 2015-2018 », tout comme celle des lits identifiés soins palliatifs (Lisp). À ce jour, comme le révèle l’Atlas, la France est dotée de 2,8 lits d’USP pour 100 000 habitants et de 8,4 Lisp pour 100 000 habitants. « Avec cette augmentation, nous savons que, théoriquement, les conditions sont plus adaptées pour la prise en charge de la fin de vie, soutient le Dr Cousin. Car la mise en place d’USP implique des fonds dédiés avec plus de personnel, des psychologues, pour accompagner les patients. Mais qualitativement, nous ne savons pas ce qu’il en est de l’offre proposée. Nous sommes en train d’élaborer une enquête pour approfondir cette question. »
Là où le bât blesse également, c’est que le maillage territorial de l’accompagnement de la fin de vie est inégal. Certes, la majorité des départements ont plus d’un lit USP pour 100 000 habitants, mais 26 départements n’en disposent d’aucun. « Le dernier plan national souhaitait combler les inégalités territoriales, rappelle le Dr Cousin. Mais les départements sans CHU, notamment, sont encore dépourvus d’USD. En revanche, ces territoires vont généralement disposer de plus de lits identifiés soins palliatifs, pour compenser… »
Aujourd’hui, le nombre de décès dépasse le seuil de 600 000 par an et devrait atteindre les 770 000 d’ici 2050. Deux principales causes totalisent plus de la moitié des décès : les cancers et les maladies de l’appareil circulatoire. Or, l’activité des USD est principalement dédiée aux cancers : plus de 70 % des patients pris en charge en soins palliatifs sont atteints d’une tumeur, alors qu’ils ne représentent qu’un tiers des décès en France. « L’offre va devoir progresser pour répondre au mieux à la demande et aux besoins des patients », alerte le Dr Cousin. D’autant plus que la part des personnes âgées de 75 ans et plus (près de 10 % de la population) devrait doubler d’ici cinquante ans, ce qui implique une augmentation du nombre de décès à venir en établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou à domicile. À l’heure actuelle, si la part d’interventions des équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) à domicile et en Ehpad augmente, en revanche, le nombre de ces équipes reste stable. « Il y avait 424 EMSP en 2015, le plan prévoyait la création de trente équipes, mais aujourd’hui, elles sont 428… », fait savoir le Dr Cousin. Et de suggérer : « En ville, à condition d’une acculturation, l’une des solutions serait de s’appuyer sur les professionnels libéraux, qui pourraient favoriser le développement de la prise en charge de la fin de vie. »
Les travaux préparatoires du futur plan national de développement des soins palliatifs et d’accompagnement à la fin de vie, lancé mi-octobre, devront tenir compte de ces constats pour répondre au mieux aux besoins de la population.
Laure Martin