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Alors que la deuxième vague du Covid-19 sévit sur l’ensemble du territoire, les infirmiers du collectif se mobilisent devant la justice pour obtenir une garantie : disposer de masques FFP2 pour les Ibode. Le point avec Grégory Chakir, porte-parole du CIB.
Grégory Chakir : Depuis début septembre, la seconde vague du Covid-19 a débuté. Pour l’affronter en toute sécurité au sein des services hospitaliers, nous voulons connaître l’état des stocks de protection et le matériel qui peut être mis à notre disposition car nous nous sommes rendu compte que dans de nombreux blocs opératoires, il manque des masques FFP2. Si certains établissements ont commencé à s’en doter, d’autres sont toujours confrontés à une pénurie. L’objectif avec les référés est donc de faire la lumière sur la situation.
Pour le moment, les recommandations ministérielles sur l’usage des masques FFP2 exclues les Ibode. Elles précisent que ces masques doivent être prioritairement attribués aux patients Covid positifs et aux médecins et infirmiers anesthésistes qui réalisent des actes à risque. Les Ibode ne sont pas prioritaires car ils ne réaliseraient pas d’actes à risque. Nous ne sommes pas d’accord, surtout que la transmission du virus par voie aéroportée est avérée. D’où nos référés, qui s’appuient sur le principe constitutionnel de précaution. En protégeant les soignants, nous protégeons aussi les patients. Nous ne devons pas être un vecteur du virus. Aujourd’hui, nous sommes contraints de saisir la justice alors que la santé devrait être une priorité.
En effet. En mai, nous avons mis en demeure 32 directions hospitalières. Nous avons ciblé les directions car elles sont responsables des stocks de protection dans les établissements hospitaliers. Elles ont une obligation de moyens et de sécurité vis-à-vis des soignants. Nous leur avions laissé huit jours pour nous fournir des masques FFP2. À cette période-là, il n’y avait pas encore de test et les masques étaient rationnés, voire sous clé dans les bureaux des cadres pour n’être distribués qu’aux services en tension. Comme les établissements n’ont pas répondu sous huit jours, nous avons saisi les tribunaux pénaux pour porter plainte, ce qui a débouché, à Toulouse et à Paris, à l’ouverture d’une enquête judiciaire. Nous avons déjà été auditionnés et d’autres auditions vont avoir lieu. Nous espérons que d’autres enquêtes vont être ouvertes. Notre objectif est de comprendre les problématiques et les responsabilités engagées. Nous avons été exposés, contaminés, et les patients aussi. Les graves manquements doivent donc être résolus. Nous avons d’ailleurs également déposé une plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui.
Propos recueillis par Laure Martin